Vous avez si nombreux flâné sous mes ombrages,
Peut-être
quelquefois aimé sous mon feuillage,
Et le blanc
de mes fleurs a cent années durant
Annoncé le
Printemps à l’Hiver expirant.
Puis ces
feuilles dorées qu’à regret j’abandonne,
Cent fois le
long du quai ont marqué vos automnes,
Sous mes branches
noircies cent hivers ont passé
Où les
canaux gelaient près de mon tronc glacé.
J’ai grandi
comme font mes frères des montagnes,
Donnant,
cent ans durant, comme un air de campagne
Au triste
dos noirci des pavés écailleux,
Qu’en même
temps que moi, semèrent vos aïeux.
Ces cent ans
en commun un seul mot les condamne ;
Pour un
chemin de fer un peu mégalomane
On m’arrache
demain, me voilà disparu
Et sans
doute oublié ; je ne l’aurais pas cru.