samedi 31 août 2019

Chanson révolutionnaire.




Je les maudis ces mauvais jours
Que l’on voit traîner alentour,
Qui s’en vont de guingois, clopinent
Comme après deux ou trois chopines
Avec leur infortune au bras,
Mais tout ça passera !

Je maudis ces heures de rien,
Leur inutile va et vient
Et leur parfum de paperasses,
La poussière qu’elles amassent
Et leur rituel d’opéra
Mais tout ça passera !

Je maudis cet écervelé,
Ce lunatique ensorcelé
Qui bringuebale et déambule,
Ce siècle amant des crépuscules
Et les enfants qu’il lui fera
Mais tout ça passera !

A grands coups de torchon épais,
De brosse dure, de balai,
Paille de fer et serpillère
Nous nettoierons jusqu’aux ornières
Et c’est alors que l’on vivra
Car tout ça passera !

                               ***

Tendez l'oreille.




Entendrez-vous sans erreur ces strophes
Dont la nuit vous propose les rimes
En ces heures toujours limitrophes
Où dans sa torpeur l’esprit s’abîme ?

A ce moment vous tendez l’oreille
Pour surprendre… quoi ? Des artifices ?
L’ombre ou le contour d’une merveille
Vous l’érigeriez en édifice

Et vous feriez bien de cette histoire
La plus noble chanson de geste.
Bonne nuit et beau temps pour la gloire
La suite sera -bon !- un peu plus leste.

C’est bien ainsi dans la rêverie,
Non ? On ruse, on erre, on baguenaude,
On se trompe ; il faut bien que l’on rie
Un peu, mais très vite : l’aube rôde.

                               ***        

mercredi 28 août 2019

La feuille de marronnier.




Une feuille de marronnier,
Brillant au grand soleil d’automne,
Le long du quai je vais à pied
En admirant ce que me donne
Un rayon de soleil d’automne
Qui taille une gemme, un collier,
Dans la feuille des marronniers.

Et je regarde et je m’étonne
De l’abondance, sans trier
Parmi les gemmes, les colliers
Brillant au grand soleil d’automne ;
Sous les feuilles de marronnier,
Heureux parmi l’or qui foisonne,
Le long du quai je vais à pied.

Je songe avant de l’oublier
Que si cette saison nous donne
Autant sans se faire prier
C’est qu’elle veut qu’on lui pardonne
Le noir griffu des marronniers
Sans feuilles, gemmes ni colliers
Que le givre emperle et couronne
Et la neige sous nos souliers
Qui chasseront l’or qui foisonne,
Cet or vieillissant de l’automne
Sur les quais où je vais à pied.

                               ***