mardi 30 juin 2015

A mes Vingt Ans. Poème interdit aux mineurs.





C’était il y a très longtemps, t’en souviens-tu ?
Dis-moi, te souviens-tu de cette nuit d’orage
Dans ce grand pré dont les herbes sauvages
Bruissaient autour de nous comme au rythme impromptu
Des gestes caressants ; vierges, tournez la page !

Tournez la page, ô vous,  les innocents,
Et froncez le sourcil, gens de bien plus que sages ;
L’orage était lointain - n’étions-nous pas en nage ? -,
Le vent à fleur de peau, le souffle s’espaçant,
A l’ultime moment d’un bonheur de passage,

Ce sourire soudain, étrange et languissant,
Un sourire apaisé naissant sur ton visage,
Comme au lointain s’apaise en même temps l’orage,
Je le revois encore et comme j’en ressens,
Dis-moi que toi aussi, le sens et le message.

L’amour à terre
                               Et ce mot convenu :
Le passage du temps ;
                               Dis-moi, t’en souviens-tu ?

                                   ***


lundi 29 juin 2015

Eté, Heureux Eté.



Le soleil écrase la rue
Où la promenade devient
Une idée assez incongrue ;

L’appartement frais me retient
Et dans une lecture sereine
J’attends joyeux le soir qui vient…

Adieu soucis, adieu ma peine,
Sous le grand soleil de l’été
La vie est belle et incertaine

Et c’est le temps d’en profiter ;
Adieu mes ennuis et ma gêne :
Je n’ai plus rien à raconter.


Le soir le vol d’une phalène,
A midi celui d’un bourdon
Ou d’un moucheron, quelle aubaine,

Suffisent et m’occuperont ;
Je sais me réjouir d’une rose
Ou d’une fourmi sur un tronc


Et s’il faut vous dire la chose,
Je sais lire au fond du ciel bleu
L’endroit où le bonheur repose,

Où dans les matins vaporeux,
Le plaisir aux beautés s’enchaîne
Et je sais les minuits heureux ;

Adieu mes soucis et ma peine.

                   ***

mercredi 24 juin 2015

L'Etourdi.






Je l’ai perdu je ne sais où :
A la maison ? Ou sur la route ?
Ma foi je n’en sais rien du tout !
Je vous assure qu’il m’en coûte
Car j’en usais au quotidien
Pendant je ne sais combien d’heures,
Certains jours mieux, d’autres moins bien,
Toujours heureux qu’il me demeure.
Quant à savoir comment j’ai fait
Pour l’égarer, c’est un mystère
Que je ne parviens, en effet,
Pas à percer et qui m’atterre.
Je cherche en vain, abasourdi,
Tout en me répétant sans trêve :
Même en étant très étourdi
Comment peut-on perdre son rêve ?

                     ***

lundi 22 juin 2015

Le Vilain Soir.






C’est un vilain soir d’été froid
Où dans les coins sombres renaissent
Tout un tas de vieilles tristesses
Qui y somnolaient à l’étroit.

Il en vient de tous les endroits,
D’avant-hier et de ma jeunesse ;
Les soirs d’absence elles s’empressent
En prétendant que c’est leur droit.

Votre droit, pauvres créatures,
Je le conteste et n’en ai cure ;
Allez vous promener ailleurs !

J’ai plus d’une corde à ma lyre
Et de vieux poèmes à lire :
Je ne connais rien de meilleur

(Pardon, je suis un peu railleur),
Hormis une occasion de rire.

                   ***

En Attendant la Rose.





Je regarde une rose,
Espérant chaque jour
Qu’à la fin elle éclose ;
Je regarde une rose.

Ce n’est pas de l’amour,
On dira, je le crains,
Que c’est bien peu de choses
Mais d’impatience empreint
Je regarde une rose.

Hélas il est des fleurs
Qui jamais ne s’éveillent
Et dont la beauté meurt
Sans montrer ses merveilles.
Pour quelle étrange peur
Ou pour quelle autre cause
Ainsi font certains cœurs ?
Je regarde une rose…

            ***


vendredi 19 juin 2015

Profession de Foi.






Qu’ai-je à faire ici-bas de vos grandes cités,
Usines du néant, dômes des vanités ?
Ce que j’aime d’abord c’est la forêt ouverte,
C’est le vallon ombreux, c’est la combe déserte
Et le damier des champs où s’enfuit l’horizon,
A hauteur de soleil et à temps de saisons,
Mes heures de labeur, mes heures paresseuses
Que seul rythme le vent de chansons en berceuses,
Le nuage dont l’ombre accourt auprès de moi
Et l’écho suranné qui dort en chaque mois.
Ce que j’aime d’abord c’est ce chemin de pierre,
C’est ce vieux pont de bois dessus cette rivière
Où le jour se raconte en un ciel de reflets
Et la rive sans but où le chardon se plait,
C’est la sérénité, la tranquille assurance
De l’instant où l’on vit d’éternelle ignorance,
Riche seulement d’être, à l’heure des moissons,
Celui qui sait sourire et murmure : « Passons ».

                                ***