lundi 26 septembre 2011

A l'éphémère.

            

            

Ces derniers beaux jours ont le goût
D'un vin de nouvelles vendanges,
Les souvenirs en sont le moût,
L'insouciance, la force étrange.
On sent dans la douceur de l'air
Quelquechose d'inexprimable,
Comme un regret des matins clairs
Et des midis couleur de sable
Mêlé d'impensable gaieté,
Chaque heure dit que le temps passe,
On cesse pourtant de compter;
L'oubli vient en couvrir les traces.
Hier était encore en été,
Voici les premières mouettes,
Au vent d'ouest s'en vont chanter
A l'unisson, les girouettes,
Il vous vient l'envie de partir
Je ne sais où à l'aventure
Pour retrouver et ressentir
Ce qui ne s'apprend ni ne dure.

               ***

Solvet Saeclum. Danse Macabre.

          

Avez-vous vu sur l'horizon
Se lever une aube si noire
Que l'espoir semble sans raison
Et la prière dérisoire ?

Entendez-vous au loin ces pleurs,
Ces lamentations et ces plaintes ?
Un monde hurle sa douleur
Sous la plus implacable étreinte.

Voyez-vous se dresser là-bas,
Souriant aux heures amères
Et la faux pendue à son bras,
La Mort aux haillons de misère ?

Dansez abbés, dansez marchands,
Dansez vous tous, grands de ce monde,
Dansez bourgeois et paysans,
Elle vous invite à la ronde.

Adieu plaisirs, adieu beauté,
Adieu pouvoir, adieu richesses,
Chacun meurt en égalité
Dans la peine et dans la tristesse.

Venez danser petits et grands,
Jeunes et vieux, hommes et femmes
Sur fond de ciel noir et de flammes,
Venez danser votre tourment.

              ***


samedi 24 septembre 2011

Vieilleries.



Des nuages au fil de l'eau,
D'ombres et de lumières,
De vieux toits et de vieux canaux
Bordés de vieilles pierres,
Vingt siècles en un seul tableau,
Des parures altières
Aux gloires qui sonnent si faux
Et à quelles misères,
A quelles gerbes de drapeaux
Noyés dans la rivière ?

         ***

Stabat Mater Dolorosa.




Devant Son fils mourant, le Vierge douloureuse
Se tenait sans faiblir ni douter de la Foi
Et se confiait en Dieu à l'ombre de la croix,
Devant son fils mourant d'une mort miséreuse.

Et la nuit qui tombait semblait si ténébreuse
Et le monde si vide et le chemin étroit
Que Jean, La soutenant,tremblait même de froid
De douleur et de peine et de craintes affreuses.

Les disciples enfuis avant même Sa mort,
Ne croyaient plus en rien et maudissaient le sort,
Marie seule espérait contre toute évidence.

Dieu dormait au sépulcre et les juifs à Sion,
Au fond du temple obscur régnait un lourd silence
Et l'heure s'approchait de la résurrection.


                  ***

dimanche 18 septembre 2011

Instantané.

            



En passant sur le pont
Un beau matin d'automne,
Ce clin d'oeil, simple au fond,
En passant sur le pont.

Une ombre ton sur ton
Et dix heures qui sonnent
En passant sur le pont
Un beau matin d'automne.

              ***

Crépuscule.

                                


La cathédrale au fond, Saint-Etienne au plus près,
Saint-Guillaume là-bas, par delà le reflet,
Le crépuscule vient et le ciel est de rose,
Je ralentis le pas et je fais une pose,
A ce moment du jour il vous vient un besoin,
A défaut de bonheur, de calme tout au moins.
C'est l'heure de l'espoir, des promesses données,
L'heure des vagabonds et l'heure des idées,
C'est l'heure des amants, l'heure des souvenirs,
C'est l'heure des instants qu'on voulait retenir,
C'est l'heure d'un sourire un peu mélancolique;
Sur la rivière calme aux nuances magiques
Le jour se mêle au soir et s'enfuit lentement
Et l'ombre offre au passé son silence indulgent.

                        ***

lundi 12 septembre 2011

Orage.





Sous la menace de l'orage,
Un peu de soleil rassurant,
Belle, nous tournerons la page
Sous la menace de l'orage.

Que ces vers ci soient témoignage
Que l'on peut rompre en espérant,
Sous la menace de l'orage,
Un peu de soleil rassurant.

           ***

samedi 10 septembre 2011

Ponts de Strasbourg.

   





Ponts d'acier, ponts de pierre,
Temps anciens, temps nouveaux,
En suivant la rivière,
Demain  au fil de l'eau.

Au bord d'un parapet
Où nos amours s'attardent
Nul courant ne regarde
Au trouble d'un reflet.

        ***






vendredi 9 septembre 2011

Le Chant.



Ce chant qui monte dans la nuit,
Je sais bien ce qu'il me rappelle
Et chaque note qui se suit
Redit combien tu étais belle,

Combien alors nous nous aimions
Dans ces jours pleins d'incertitude,
Rêvant d'avenir et d'union
Au plus fort de nos inquiétudes.

Je l'ai chanté plein d'allégresse
Quand il me rapprochait de toi,
Je le reprends avec tristesse
En me souvenant d'autrefois.

Je le reprends ce soir d'automne
Si loin de notre bel été
Et chacun de ses mots chantonne
Ce qui pour nous a tant compté.

Il pleut sur les toits de la ville
Et sur les jardins effeuillés,
Sur de vieux rêves inutiles
Et sur des espoirs oubliés...

          ***


mercredi 7 septembre 2011

La Girouette.



Je m'aligne en grinçant, girouette rouillée,
A certains vents mauvais qui soufflent aigrement,
Qui portent la tempête et tiennent éveillée,
Dans une nuit d'automne, une âme qui se ment.

Et dans le temps passé, je valais mieux sans doute,
Au faîte de mon toit, aux rayons de l'été,
Dominant de très haut les plus lointaines routes
Et tutoyant le ciel en d'heureux apartés.

Mais après tant d'hivers, mais après tant d'automnes,
Après tant de frimas et tant de temps passé,
Mon toit menace ruine et qui donc s'en étonne ?
Je me ronge de pluie sur mon axe faussé.

La vieillesse me rend, je le crains, plus hautaine,
Je ne suis maintenant que des vents coléreux
Et vieille dame triste aux heures incertaines,
J'évoque un souvenir aux amants malheureux.

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