vendredi 28 octobre 2016

Réflexions d'un Demi-solde en octobre 1816.







Toute route aujourd’hui conduit
Au rebours de nos habitudes ;
Il nous faut aller sans appui
Et voyager sans certitude.

Quand la folie est de raison,
Quand le fumier se fait dorure,
Qu’est-ce encor que la trahison,
Que l’opprobre et que la souillure ?

Je l’ai su, je n’en sais plus rien,
Ou c’est un savoir inutile ;
Voyez comme on s’en passe bien,
Comme regretter est futile…

Il fait soleil ce jour d’automne
Mais le monde entre dans l’hiver ;
Que tous le voient ou bien personne,
Il n’importe pas à ces vers.

                               ***

mardi 25 octobre 2016

Renaissance II.



(Château de Chenonceau - Le Cher.)

Fontaines et ruisseaux et vous belles rivières
Où sont les ris joyeux, bruissant aux mille pierres
Des rives alanguies de vos cours miroitants 
Qu’on voyait accueillir dans leur lit des baigneuses
Dans l’albâtre élégant de leurs poses gracieuses ?
Mais je parle d’un âge à l’autre bout du temps,
D’un soleil plus ardent et d’une autre lumière,
D’un printemps d’innocence et de tout autres gens,
D’incertaines amours dont nul cœur n’est régent,
D’un air plus caressant et d’âmes plus altières.
Que votre monde est gris, drapé dans ses brouillards !
Comment pourriez-vous donc vous y sentir gaillards
En le voyant si laid, sectaire, étroit, injuste,
Avec le souvenir d’époques plus augustes ?

                               ***                      

Renaissance I - Pastiche.



(Château de Chenonceau - Indre et Loire.)

Je révère l’honneur et vois l’indignité,
Je respecte le droit et subis l’injustice,
J’aime la vérité et croise la malice,
Je rêve de richesse et vis en pauvreté.

Je veux qu’on me connaisse et je suis rejeté,
Je souhaite le calme et je suis au supplice,
Je cherche l’innocence et l’on me fait complice,
J’admire la sagesse et vis l’insanité.

Je travaille beaucoup et n’en ai nul salaire,
Je viens toujours en paix  et m’en vais en colère,
Je me fatigue en vain et n’ai point de repos.

Je passe ainsi mes jours et je n'en puis rien faire,
Je songe et délibère et pourtant je m’enferre,
J’espère à contretemps et vis mal à propos !

                               ***                      

jeudi 20 octobre 2016

Le Vagabond.






Il faudrait être un peu sérieux !
Être sérieux ? Et bien qu’en sais-je ?
Et puis le puis-je ou le pourrais-je ?
Ce serait bien, ce serait mieux
Pour être heureux dans l’existence,
Pour attirer sur moi les yeux
Et gagner un peu en prestance.
Comment, comment ?! Être sérieux ?!
Moi,  le Prince de l’inconstance,
Moi, le bohémien licencieux,
Paresseux toujours en instance
Et fainéant sous tous les cieux ?
Allons, allons, je suis trop vieux,
Trop sage et sot à l’évidence,
Pour devenir un jour sérieux.

                               ***             
          

La Peine de Mémoire.






Lourde est la peine de mémoire,
Et lourd est le poids du passé ;
Pour l’homme il n’est point de victoire,
Du nouveau-né au trépassé.

De l’or ancien qui bat monnaie ?
Malheur aux souvenirs heureux,
Ce qui fut joie deviendra plaie ;
Qui chantera le songe-creux ?

Mes jours s’en vont mais non mes rêves,
Plus je m’efforce et moins je vais
Car ce que je cherche sans trêve
C’est le bonheur qu’alors j’avais.

Passe l’été, vienne l’automne,
Mon temps déjà s’est fait plus court,
Chaque heure une cloche résonne,
Heureux l’aveugle, heureux le sourd.

Que d’autres gardent l’espérance
Que ce monde s’en aille au mieux,
Pour moi j’ai plus en souvenance
Que vous n’aurez devant les yeux.

                               ***                       

lundi 17 octobre 2016

Ecrits Politiques V - Les Fables.






Que de fables ces temps derniers ;
A rendre jaloux les poètes !

Quel siècle en a tant publié ?
Que de fables ces temps derniers.

Qu’elles marchent à cloche-pied
Ne semble pas troubler la fête,
On vous les serine à tue-tête ;
Que de fables ces temps derniers ;
A rendre jaloux les poètes !

                               ***