mardi 19 août 2014

L'Immobilité.






Chemins boueux, routes d'ornières,
Je voyageais sans fin l'exil,
Le temps me couvrait de poussière,
Chacun disait: "où s'en va-t-il ?"

Un jour pourtant, quitte à surprendre,
Mes pas ont voulu s'arrêter;
N'ayant plus d'ailleurs où me rendre
Je me suis cru en liberté.

En voyant passer les nuages
Mon laisir s'est mis à chanter:
"Bon vent à tous ceux qui voyagent
Et vive l'immobilité !"

Hélas, le monde n'est pas sage,
Il n'a pas cessé de bouger
Tandis que je prenais de l'âge
Il poursuivait d'un pas léger.

Et me voici bien solitaire
Et me voici bien étonné,
Un peu comme un vieil antiquaire
Dans un village abandonné.

Les objets que je manipule
En souriant ne sont plus rien
Que des bibelots ridicules
Pour le rare passant qui vient.

Sans faire de littérature
Je suis aussi dépassé qu'eux
Et presque une caricature
De poète et de maître-queux

Avec mes vieilles casseroles,
Mon vieux porte-plume à la main;
Entre déjeuners et paroles
Je me dis: suis-je encore humain ?

              ***


lundi 18 août 2014

Les Livres en Liberté: Histoire d'une Adoption.





Sur les rayons de la cahute,
Là-bas, un livre m'appelait;
Le vent qui siffle et qui chahute
Raconte un peu ce qui lui plaît.

Mais le vent sait que je l'écoute
Comme je sais bien qu'il m'entend,
Si quelqu'un parmi vous en doute
Il n'aura qu'à faire semblant.

"Un livre vert comme les feuilles
Et qui parle de la forêt,
Va donc, il faut que tu l’accueilles
Et tu le liras sans regret."

Au matin gris, trois pas en ville
Pour trois courses d'à peu près rien,
Après passons à plus utile
Et venez avec moi mon chien.

Le jet d'eau chante solitaire,
Les bords de l'étang sont déserts,
Le temps a mauvais caractère,
Ce mois est un peu tête-en-l'air.

J'ai poussé jusqu'à la cabane,
Je me suis assis sur le banc:
Tous ces livres qui les condamne,
Qui vient ici les mettre au ban ?

Au vert franc de sa couverture
J'ai compris que j'étais devant,
J'étais plein de désinvolture,
Les arbres bruissaient dans le vent.

Je feuilletais à l'aventure,
Déjà nous étions plus qu'amis,
Il n'était pas de la nature
De ceux qu'on ne lit qu'à demi.

Ce livre, "la Forêt Perdue",
A cette heure-ci est chez moi
Où son histoire sera lue
Et même lue à haute voix.

              ***


jeudi 14 août 2014

Les Hirondelles.







Les couleurs du ciel ont changé
Mais où sont donc les hirondelles ?
Moi, je n’ai presque pas bougé,
Elles ont fui à tire-d’aile.

La crinière des marronniers
A force de pluie incessante
Sur les quais s’est mise à rouiller ;
Quelle fin d’été languissante !

Où sont les chaleurs de midi,
Les femmes en tenues légères,
Où sont les jardins engourdis
Dans leurs corolles de lumière ?

Gris des balcons et gris des toits,
Au ciel grisaille nouvelle,
Le vent qui chante quelquefois
A voix douce dit et rappelle :
Mais où sont donc les hirondelles ?

                    ***

lundi 11 août 2014

Jamais Plus.



La première fois un sourire
D'amour. Le même jamais plus...
Un livre et le bonheur de lire
Et une fois le livre lu,
Bien sûr, le même jamais plus.
Et puis cette étreinte voulue
Dans la flamme des corps,
La certitude dévolue
Aux hommes et comme la mort
Brève et la même jamais plus.

               ***




Et... un article sur un poète belge méconnu: Roger DE LEVAL:   

http://faititre.blogspot.fr/2014/08/poete-qui-ou-que-suis-je-propos-de.html