lundi 27 avril 2015

Rien.







Un matin de Printemps,
                                Citadin et sévère,
Une ville s’étend                           
                                Entre deux réverbères.
Ciel blanc, feuillages noirs
                                Et grisaille insipide,
Reflets sur le trottoir
                                Et la chaussée humide,
Au carrefour, un pont
                                Personne et la rivière ;
A l’étroit des frontons,
                               Des toits et des gouttières
Une heure qui revient
                                Bredouille de lumière ;
Il ne se passe rien.

                             ***

jeudi 23 avril 2015

Le 26 Janvier 1855.






Dans la nuit d’un mois de janvier glacial,
Quelque part, rue de la Vieille Lanterne,
Son moral et son existence en berne,
Se pendit un rimeur pauvre et génial,

Déshérité – Par quel arrêt de la vie ? –
Solitaire, et pour un rimeur c’est banal,
Sans espoir et c’est toute l’infamie ;
Ce poète était Gérard de Nerval.

                   ***


mercredi 22 avril 2015

Deux Poèmes Obscurs.







Je rêve ce que j’aime,
Ce que je veux me manque,
Tous les jours sont les mêmes ;
Je rêve ce que j’aime.

Mais ce que le vent sème
Paye les saltimbanques ;
Je rêve ce que j’aime,
Ce que je veux me manque.

                                ***






Je parle sans mesure et j’éclate de rire
Et toute ombre m’ennuie où le néant s’inspire
Car moi je suis la Vie et ce monde est cafard,
Vaniteux, hypocrite et médiocre et blafard ;
Pourquoi mêler ma joie aux parures légères
A ses gueuses de fonte, à ses gangues de pierre
Et traîner dans la boue et ramper dans l’ornière
Et partager sa peine à jamais étrangère ?
Non ! Moi je suis la Vie et je danse l’été
Et je danse l’hiver aux froides nudités
Des champs de neige vierge et je chante l’aurore
Qui s’efface toujours et qui revient encore.

                            ***

dimanche 19 avril 2015

Déluge.







Il pleut sur le mois d’août et l’été décati,
Sur l’asphalte luisant, sur le toit rouge ou gris,
Sur la pierre de taille et sur le mur de briques
Et sur le carrefour et sur les trois boutiques
Qu’on peut apercevoir du haut de mon balcon.
Il bruine un chagrin froid, obtus et terne et long,
Un chagrin innommé, sans terme et sans remède,
Auquel tout participe ou se joint ou bien cède.
Il pleut sur le mois d’août et sur l’été maudit
Et sur ce que l’on pense et sur ce que l’on dit,
Il pleut sur nos regards et sur notre inconscience,
Il pleut sur nos désirs et sur notre impatience.
Il pleut à vous ôter le goût de vivre un peu,
A vous priver de rire, à oublier vos jeux,
A ne plus rien vouloir, à n’avoir plus envie,
A ne plus pouvoir croire aux beautés de la vie.

                              ***