lundi 30 mars 2015

Canzoniere de Pétrarque. - Transposition du sonnet III.






Sonnet III : "Le vendredi-saint fut le jour où il devint amoureux."[1]

Ce fut ce jour sinistre où le soleil pâlît
Pour suivre le Seigneur au bout de son supplice
Que, ne me gardant point, ces beaux yeux, vos complices,
Ont en votre prison, mon cœur enseveli.

Ce jour où, pour chacun, tout bonheur s’abolit,
Où l’on boit l’amertume en un commun calice,
Je n’aurais jamais cru que l’Amour entre en lice
Et j’allais sans soupçon au sein d’un pieux oubli.

Il me vit désarmé, la voie était ouverte
De mes yeux à mon cœur, sa flèche était experte
Et mon cœur par mes yeux, en larmes se résout.

Mais puisqu’il me voyait ce jour-là sans défense
Il y eût peu d’honneur, tout du moins je le pense,
Que cet archer me frappe et se cache de vous.

                               ***                                       


[1] Dans : Canzoniere – Pétrarque. nrf. Poésie/Gallimard. 1983.

Photos: jardins du palais de l'évêché. Albi.Tarn.



dimanche 29 mars 2015

Deux courts poèmes.





Maussade.

Pourquoi nous voit-on si maussades ?
C’est que nous devons vivre vieux
Et sans cesse moitié joyeux
Et sans cesse moitié malades
En n’ayant pas l’espoir de mieux
Jusqu’à la fin de l’escapade.

             ***



Juin.

L’été s’en vient
Sur un air d’hirondelles
Qui tournoient de rues en ruelles
Aux soirs si clairs du mois de juin

Et les nuits douces
Disent de longs minuits d’étreintes
Où les amours sans crainte
Cheminent sous la lune rousse.

               ***

Le Semeur.






Il va par les sillons des champs,
Un semeur appelé Printemps,
Plongeant sa main dans sa besace
Pour semer le blé à fouace,
Le blé qui lèvera bientôt.
Moi je ne sème que des mots
Qui s’en vont et qui se dispersent
Au gré du vent et de l’averse,
Par les villes et les hameaux
Mais que peut-il naître des mots ?

                 ***


lundi 23 mars 2015

Mythologie Citadine.






Trois herbes poussent au balcon
Où je m’avance table et chaise
Afin d’y composer à l’aise
En rêvant du mont Hélicon.

Mais je crois que jamais penseur
Qui vînt penser en cette ville
N’y pût saluer les neuf sœurs
En quelque lieu qu’il se faufile.

N’étant pas de la plus belle eau,
Conscient de mon peu de lumières,
Je me contente de moineaux
Qui picorent mes jardinières,

A défaut d’avoir les accents
D’Orphée appelant Eurydice
Leur chant a le charme décent
Qu’ont les chansons sans artifices.

                       ***