mardi 28 février 2017

Un Autre à la Même Place.



(Anzy-le-Duc.)


Il dort ici des souvenirs
Que je retrouve avec plaisir
Et presque autant de rêveries,
D’amusements, de fantaisies.
Je reviens n’ayant rien perdu,
Je le crois, de ce que je fus,
Et cependant le temps qui passe
Me fait autre à la même place.
Je vois ce qu’autrefois j’ai vu,
Je m’y reprends : il n’y est plus.
Ce sont pourtant les mêmes choses
Qui m’y plaisent et me reposent
Et  dans mon cœur je tisse un lien
Du jour présent aux jours anciens
Afin qu’ils rient et s’interpellent,
Se comparent et s’entremêlent,
Qu’ils se rassurent du regard :
Il n’est jamais ni tôt, ni tard ;
On ne perd que ce que l’on quitte
Lors de ma prochaine visite
D’ici cinquante ou soixante ans
Je pourrai vous en dire autant.

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Le Café de la Gare.





Un café pour se séparer
Dans un bistrot près d’une gare,
Dix minutes, le cœur serré
Dans l’absence qui se prépare.

Ma peine et ton regard navré
Dont le passé déjà s’empare ;
Un café pour se séparer.

Dix minutes pour redorer
L’espoir dont demain est avare :
Nous nous reverrons c’est juré,
Aucun amour ne se compare
Au nôtre et qui peut le contrer ?

Un café pour se séparer
Dans un bistrot près d’une gare…

                               ***

lundi 27 février 2017

Une Ombre en Paix.



(Ornans.)


Au soir qui vient je me demande
Toujours ce que demain sera ;
Que l’été fleurisse la lande,
Il en sera ce qu’il pourra.

Nuages bleus, nuages roses,
Les arbres sont noirs au couchant,
Il est temps que je me repose
S’il ne me vient rien l’empêchant.

Dans le feuillage il se murmure
Au vent passant, je ne sais quoi,
Adieu, je ne sais rien qui dure,
Me dit le jour, pas même moi.

L’ombre envahit le crépuscule,
Je ne vois plus ce que j’écris,
La nuit a repeint ma cellule
De vieux poète aux cheveux gris.

Plus un mot, plus une parole,
Il faut une heure où tout se tait,
Où tout s’estompe, où tout s’envole
Et que le vent soupire en paix.

                               ***

dimanche 26 février 2017

En Avant du Printemps.






Trois pas en avant du Printemps
Quand les vergers dorment encore
Mais que germent les premiers champs
Et que le soleil semble clore
Tous ces longs jours d’ombre et de froid.
Midi danse sur la montagne,
Sur des chemins jamais étroits,
Que la douceur de l’heure gagne,
Trois pas à deux,  et vous et moi.

Lointains bleutés voilés de brume
A l’horizon opalescent
Que tant de lumière consume,
Egrenez le nom des absents
Qui du même pas se promènent,
Mais eux bien plus légèrement,
A nos côtés et que l’on mène
Comme ils nous emmenaient avant,
Marcher tout sourire et sans peine,
Trois pas en avant du Printemps…

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