mardi 28 juin 2016

Le Cycle des Amours Déçues - XXII: Toutes les Amours.






Il est des amours plus torrides
Que n’est un été calabrais,
D’autres, je ne sais qui décide,
Dont la tendresse fait l’attrait
Et puis il en est d’un peu « frais »
D’être moins jeunes que timides
Enfin il est des amours vides
Dont, hélas, vous êtes si près.

Il est des amours sans remède
Et des amours sans avenir,
D’autres dont la pente est si raide
Qu’à peine peut-on s’y tenir,
Certaines qui vous font frémir,
D’autres à qui la raison cède
Comme il en est pour qui tout plaide
Sans qu’on parvienne à les unir.

Filles et fils d’un beau rêve,
Enfants d’un désir partagé,
Il est encor des amours brèves
De cour ou bien de potager,
De l’esprit chez les plus âgés,
Chez les plus jeunes pleines de sève ;
Il en est qui durent sans trêve,
D’autres qui vont se négliger.

Il est des amours incertaines
Qui n’iront jamais de l’avant
Enfin il est des amours vaines
Comme ces « oui » jetés au vent,
Maudit éparpilleur de graines
Dans le silence des couvents
Ou le bassin clair des fontaines
Qu’assèche l’été si souvent…

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dimanche 26 juin 2016

La Rivière Grise.






Grisaille de l’âge et du temps
Comme le silence est tentant
Aux bords déserts de la rivière
Sans barques et sans lavandières,
Sans plus une fleur de l’été
Et sans ses reflets argentés.
Il coule une eau trouble et brunâtre,
Un cours sournois au goût saumâtre,
Une ombre où tout ombre se plaît,
Sans un remous, sans un reflet.
Image de ces jours qui passent,
Qui vous oublient et qui vous chassent
Grisaille de l’âge et du temps
Comme le silence est tentant.

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mercredi 22 juin 2016

De Marbre et de Mots.






Clapotis, doux remous de la mer
Que souligne un quai de marbre usé
Où l’Histoire en titubant se perd,
Clapotis, doux remous de la mer,
Pourquoi donc, monotone et blasé,
Evoquer les brumes de l’Hiver ?

Et pourquoi, vide au nom sentencieux,
La nuit froide et ses murs silencieux,
Place morte autour d’un puits désert,
Qu’observent,  la mort au fond des yeux,
Ces fenêtres où la nuit se perd ?

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dimanche 19 juin 2016

Rêveur.





Le rêve est fait pour s’envoler,
Illustration de l’éphémère,
Laissant une joie douce-amère
Qu’aucune aube ne sait combler.

De ces heures ce qui subsiste
Ce sont tout au plus quelques vers
Qui bornent à peine la piste
De nos souvenirs au travers
Des jours si banals et divers,
Ébauche bien loin d’une liste
De plaisirs trop vite en-allés :
Le rêve est fait pour s’envoler.

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lundi 6 juin 2016

1788 (II).







Ici c’est encore le calme et le silence
Mais l’étude n’est plus, il s’en faut, sans soucis.
Dehors un vent mauvais tourbillonne et s’élance,
Une rumeur grandit, prémices de violences,                                   
Un destin fait d’excès, d’ombre, d’erreurs aussi ;
C’est encore la calme et le silence ici.

Des tomes oubliés ouvrent les vieilles pages
D’une ode désuète, d’un sonnet dépassé,
Murmures harmonieux des amours d’un autre âge,
Et pourtant – regardez ! -, ni plus fous, ni plus sages…
Un parfum de papier que le temps a chassé
Sur des rayons lointains de poussière embrassés.

Ici le temps n’est plus à de vains bavardages,
Ma plume, hâtons-nous, l’époque a rétréci,
Les jours nous sont comptés, voici venir l’orage
Où l’amoureux des vers est un vain personnage
Et le gardien des mots, un songe-creux ranci ;
Hâtons-nous donc, ma plume et poursuivons ainsi,
Achevons le travail comme ces vers ici.

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