jeudi 30 avril 2020

Un bref instant.




Un regard ce serait bien trop, je pense
Mais un coup d’œil ? Un coup d’œil et c’est tout,
Un trois fois rien, une seconde où danse
Pour vous seul quelque chose de doux
Et rien de plus, bien sûr, bien sûr, tout juste
Une étincelle de complicité
Et puis une légère inclinaison du buste :
Un bref instant vous avez existé.

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mercredi 29 avril 2020

Le salon.



(Réception à Venise de Henri de Valois, roi de Pologne et nouveau roi de France sous le nom de Henri III - 1574.)

Les mots ? Ce sont des noms, quelquefois des prénoms,
Quelqu’un qui peut venir, il suffit qu’on l’appelle,
La page où l’on écrit n’est jamais qu’un salon
Où vont se retrouver ceux que la plume épelle.

Quelques-uns sont simplets, d’autres font des façons,
Certains sont bienveillants, d’autres pleins de cautèle,
J’y vois des assassins, des donneurs de leçons,
Des saints, des paresseux et des remplis de zèle.

Tous n’ont qu’une passion, celle de discuter
Qui les regroupe entre eux et par affinité ;
Ce qu’ils disent, d’abord on ne l’entend qu’à peine,

Leur cercle s’élargit et la ligne noircit,
Chacun parle à son tour, le thème s’éclaircit
Et le sonnet finit lorsque la page est pleine.

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La lune se promène.



(Strasbourg - Église St-Paul.)

Je vois la lune philosophe
Prendre pour canne un vieux clocher
Et s’en aller seule marcher
Dans quelque quartier limitrophe
Où les jardins ont des fraicheurs
De clairières et de prairies
Exhalant un parfum de fleurs
Dont il se peut qu’elle sourie.

Entre les rangs de cheminées
Que fige un raide garde-à-vous
Elle avance à peine étonnée
De se voir au centre de tout.
Avec minuit le funambule
Elle échange entre les frontons,
En minaudant sur tous les tons,
D’assez vagues conciliabules.

De quoi peut-il être question ?
Je vais, avec sa permission,
La suivre et en dressant l’oreille
Tâcher d’entendre des merveilles…

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