mardi 26 février 2019

En relisant Rutebeuf .




Je n’ai connu que deux métiers :
L’un de ces deux c’est va-nu-pieds,
L’autre poète
Et le second vaut le premier.

Pour bien vivre il est, ne soyez
Pas aussi bêtes,
Deux états qu’il faut oublier :
L’un de ces deux c’est va-nu-pieds,
L’autre poète.

                               ***

Note: 

Rutebeuf : poète (vers 1230 – vers 1285), l’auteur du célèbre « Que sont mes amis devenus… » dont beaucoup de ses textes évoquent sa pauvreté.

                              ***

lundi 25 février 2019

Sans faconde.




J’écris de peu si c’est du monde
Dont l’aujourd’hui vaut l’autrefois,
De moins encor si c’est de moi,
De quoi d’autre encore à la ronde ?
« De rien » faut-il que je réponde
Lorsque, tranquille sous mon toit,
J’écris.

Et si je manque de faconde,
Si je fais moins que je ne dois
N’y voyez surtout pas un choix :
Sans qu’aucun don ne me seconde
J’écris.

                ***        

samedi 23 février 2019

Le marché aux livres - A quelqu'un qui s'y reconnaîtra.




Aux quatre coins de l’aire
D’un marché qui m’est cher
Et le seul nécessaire,
Les livres prennent l’air.

Vous aimez bien Apollinaire
Et Rimbaud que je n’aime guère.

Sérieux ou bien frivoles,
Les livres, en cartons,
Attendent et somnolent
Mais lequel vendra-t-on ?

Oui, j’apprécie Apollinaire
Mais sur Rimbaud je vais me taire.

Parmi tous ces bouquins
En est-il un de rimes ?
Oui ? Non ? Peut-être ? Enfin !
Un médiocre ? Un sublime ?

Par goût vous cherchez un poète,
Un dont les vers seraient si beaux,
Qu’en les lisant ou bien de tête,
Ils couleraient comme de l’eau :
Je veux bien pour Apollinaire
Mais quant à Rimbaud, rien à faire !

                               ***