jeudi 29 septembre 2016

Sans Voix.



(Le Marais Poitevin.)


Champs opulents, forêts ombreuses
Avez-vous oublié mes vers ?
Brillants ruisseaux, routes poudreuses,
Champs opulents, forêts ombreuses !

Bruyère, ajonc, frêle scabieuse,
Leur écho résonne et se perd 
Forêts de rouvres ou bien d’yeuses
- Que l’on appelle « chênes verts »
Dans une langue sourcilleuse -
Lorsque le vent passe au travers,
Leur écho résonne et se perd.

Leur écho meurt aux lieux divers
Où dans sa course sinueuse
Le vent les apporte et les perd.
Voici ma Muse silencieuse ;
Champs opulents, forêts ombreuses
Avez-vous oublié mes vers ?

                               ***                       

Poésie, Lentilles et Politique.






Je m’attache à trier mes vers
Comme d’autres trient des lentilles,
Avec des bonheurs très divers :
Ils sont bien rares ceux qui brillent.

C’est un travail assez ingrat,
Je reprends, raccommode et coupe.
La ménagère au moins fera
De ses lentilles, une soupe…

Mes vers faciles et brouillons,
Pour le peu que j’en imagine,
Me feront boire le bouillon
Quoique ce soit que j’en cuisine.

Ne faut-il pas m’en inquiéter
Et,  sans grands changements pratiques,
Réfléchir à m’orienter
Dans le discours en politique ?

Ne puis-je pas tout aussi bien
Que les grands orateurs, mes frères,
Promettre tout et son contraire
Pour n’aboutir jamais à rien ?

                               ***        

mercredi 28 septembre 2016

Beau Fleuve Loire.






Beau fleuve Loire, où donc es-tu,
Qui coulait sous ma fenêtre ?
Maudit soit le Hasard obtus !
Beau fleuve Loire, où donc es-tu ?

Qu’il me point ce regret  têtu,
Qui chaque jour vient à renaître !
Beau fleuve Loire, où donc es-tu,
Qui coulait sous ma fenêtre ?

Mon rêve n’est pas seul perdu,
Je sais qu’il ne peut plus rien être
De ce que je croyais mon dû :
Mon rêve n’est pas seul perdu.

Le silence où je me suis tu
Demeurera l’unique maître ;
Mon rêve n’est pas seul perdu ;
Je sais qu’il ne peut plus rien être.

Beau fleuve Loire, où donc es-tu ?

                               ***

Ma Montre.






Où donc ce jour est-il parti,
Défait avant qu’il ne commence,
Ma montre m’aurais-tu menti,
Où donc ce jour est-il parti ?

Le temps qui nous est imparti
Borne par trop notre existence,
Où donc ce jour est-il parti,
Défait avant qu’il ne commence.

                               ***        

Un Avenir Douteux.






De la douceur, de la lumière,
Pour en faire une provision,
Avec sagesse, en prévision
Des jours de gel au cœur des pierres,
De brume au bord de la rivière
Et de boue au fond des ornières.

Je ne crains pas que cet hiver,
Ce qui le suit peut être pire ;
Il est des printemps qui n’inspirent
Aucune chanson à mes vers,
Il est des printemps à l’envers
Où l’on s’égare, où l’on se perd.

Demain toutes les feuilles mortes
Auront pris le chemin du vent,
Ce même vent qui les emporte
Nous trouvera toujours rêvant
Et sur le seuil de notre porte,
Et non moins démunis qu’avant.

                               ***