mercredi 18 février 2015

Le Promeneur.






Je suis le promeneur au bord de la rivière
Qui coule vers la mer et qui s’enfuit sans fin,
Symbole de nos jours, figure du destin,
Voici mon espérance et voici ma prière :

La fraîcheur du silence aux lisières d’un bois,
Un long jour à venir dans un été paisible
Et dans l’ombre légère une brise insensible
Qui va je ne sais où dire je ne sais quoi

Et peut-être plus loin, murmure sur les pierres,
Le flot bruissant qui passe et poursuit son chemin,
Vagabond insouciant du proche lendemain
Qui veut emplir d’amour son âme toute entière.

                           ***






mardi 17 février 2015

La Vieillesse de LELIO.

(Lélio est le personnage de l'amoureux dans la comedia dell'arte)




Dans la grisaille froide, au fond d'un soir d'hiver,
Je songe quelquefois, non sans mélancolie,
Au crépuscule clair des étés d'Italie,
Aux jardins embaumés, aux cyprès toujours verts.

La terrasse de marbre ouvrait sur l'univers...
Je me rappelle encore, en cette allée suivie,
Le murmure discret des fontaines ravies,
Cette lune d'argent et notre ombre au revers...

Alors, j'étais heureux et croyais en demain
Et puis le malheur vînt. J'ai bu jusqu'à la lie
La coupe très amère offerte à chaque humain.

Le rêve maintenant n'allège plus mes nuits,
L'âge alourdit ma charge et ma volonté plie
Et je crains que demain n'augmente mes ennuis.

                             ***



jeudi 12 février 2015

Brouillard.





Sur de vagues trottoirs qu'aucune aube n'irise,
Avec leurs reflets gris passent des ombres grises;
L'air est humide et froid et la ville est maussade
De la pointe des toits jusqu'au pied des façades.

Du parapet d'un pont que la mousse a verdi,
Je regarde immobile, ou peut-être enraidi,
Le ciel bas et couvert, tristement uniforme
D'un jour de février tout à fait dans la norme.

Les arbres dépouillés inclinent leurs troncs noirs
Sur les vieux bancs des quais où nul ne vient s'asseoir
Et la berge déserte au bord de la rivière
Cerne une eau qui s'enfuit boueuse et casanière,

Vers un horizon triste et toujours indistinct
Où son flot s'éloignant, indifférent s'éteint
Comme s'éteignent là - c'est du moins leur envie -
Mélancoliquement, les couleurs de la vie.

                        ***

dimanche 8 février 2015

Crépuscule d'hiver.





Crépuscule d'hiver,
Heure de larmes roses
Que le vent froid dépose
Au bord du cuivre vert
Du dôme d'une église
Et de murs en toits gris,
La tuile ou le crépi,
Couleur de toile bise,
Couleur de brique sale
Ou couleur d'ocre ancien
S'adoucit et devient
Sous le bleu d'un ciel pâle
Comme un décor léger
De vague cornaline,
De mauve et de violine
Où la nuit va loger.

          ***




mercredi 4 février 2015

Pastiche à deviner.





Ils font au bout de l'allée,
Dans la lumière voilée,
Une cour bien sibylline
A l'heure où le jour décline.

Tircis se penche et murmure
Quelque aveu sous la ramure,
Rêveuse, Chloé soupire
De cette ombre qui l'inspire.

Et Léandre qui chantonne,
S'il charme autant qu'il étonne,
Recevra peut-être en gage
Un cœur tout aussi volage.

Pour accompagner sa joie,
Aminte en robe de soie,
Effleure sa mandoline
D'une caresse divine.

Doux et triste dans la brise,
Un parfum passe et les grise,
Sur la note qui s'achève
La nuit tombe et l'on se lève.

           ***