vendredi 31 décembre 2010

Adieu 2010.


Ma trés douce, ma trés aimée,
Sous le blanc manteau de l'hiver
Saluons la fin de l'année.
Au bout de l'horizon se perd
Un petit peu de notre histoire,
Par le brouillard et le ciel gris
Un peu de la grise mémoire,
De l'amour dont je vous écris.
Les bulles de ce vin qui danse
Ont bien moins d'éclat que vos yeux,
Vous êtes loin, j'ai peu de chance,
Mais ne vous en aime que mieux.
Qu'au douzième des coups s'élance
Le premier des jours plus heureux
Que mon vers prophète devance
Au nom de son maître amoureux

          ***

dimanche 12 décembre 2010

Jours de Marché.

Quelques boules ici,
Un santon pour la crèche,
Voyons un peu ce qui m'allèche:
Ce Père Noël çi,
Bien sûr une guirlande
De toutes les couleurs,
Sans oublier un cœur
De paille à ta demande,
Un traineau de bois blanc,
Une étoile brillante
Et le refrain que chante 
La neige sur les champs.

Treize Décembre.


Le treize est notre anniversaire,
Vous ne l'avez pas oublié,
Mon amour ne saurait le taire
Quoique nos destins soient brouillés
Et nos chemins bien solitaires.

La douceur des mots d'autrefois
Et les promesses échangées
Sont plus que lointaines je crois
Mais dans la chapelle figée,
Il me semble entendre nos voix.

De cette heure là de ma vie,
Je vous le jure, entendez-le,
Rien que je regrette ou renie,
Je pleure seulement le peu
Qu'il en reste et ses avanies.

            ***

lundi 6 décembre 2010

Utopies et Chansons. Folio 3. En Famille.



A Chacun des Deux.

Aime et défends ta liberté,
Fais attention à la facilité.
La liberté veut du courage
Et plus qu’un effort de passage
Qu’on offre avec mauvaise foi.
La facilité vit sans loi
Et vaut ce que vaut un mirage,
La cultiver n’est jamais sage.
Lorsqu’il te faudra faire un choix,
Relis ces vers et pense à moi.

            ***

 A mes Enfants.

Le soir est fait de solitude
Dès l’heure où je dois vous quitter,
Ni la lecture, ni l’étude
Ne parviennent à m’enchanter.

Je roule les mêmes pensées
Dans tous les sens et sans succès,
Jusqu’à parvenir à l’orée
D’un sommeil tissé de regrets.

Si j’ai fermé les yeux sans doute,
Encore est-ce vous que je vois,
Chacune de ces nuits me coûte
Dont chaque heure pèse un grand poids.

Quand j’aperçois vos chambres vides
Il n’est plus de moments heureux,
L’absence s’inscrit en ces rides
Qui chaque jour me font plus vieux.

            ***

 Jardin d’Hiver.

Aimez-vous ce jardin, enfants,
Dans son silence teint de blanc
Où les flocons de neige dansent
Comme ils dansaient dans mon enfance
Au-dessus d’un autre jardin ?
Toute chose va vers sa fin
Mais celle-ci pour vous commence
Avec quelque bonheur je pense.

            ***


Souvenir nocturne de Vérone.

Maudits soient les ponts de Vérone,
Ses places, ses quais, son pavé,
Viens là, Satan, je te les donne,
Tu ne pourras t’y retrouver !

Cherchant en vain le nom des rues,
Tout comme moi, pauvre démon,
Si perçante que soit ta vue,
Tu tourneras sans fin en rond.

            ***

 Gagner sa Vie.

Lorsque je m’en vais de chez moi
Pour gagner un peu mieux ma vie,
Ce qui me pèse - et de quel poids –
Ce sont ces soirs où je mendie
Aux souvenirs de mon espoir
Une miette de tendresse
Et de chaleur. J’ai beau savoir
Que c’est en vain, les mots se pressent
Auxquels, bien sûr, nul ne répond.
Oui, c’est cela la solitude :
Un goût d’absence et d’abandon
Et l’on n’en prend pas l’habitude.
Il me suffirait d’un regard,
Ou mieux d’un mot… Voilà je rêve,
Mais à quoi bon ? Il se fait tard
Et à quatre heures je me lève.

            ***

 Exil.

C’est une après-midi pluvieuse,
Sous un ciel gris et étranger,
L’Automne a ses heures joyeuses
Mais ce dimanche est affligé.

Sur les vastes forêts dorées
Le vent d’Est amène le froid ;
Plaine de tristesse parée
Du moins ce vent vient de chez moi.

Il dit ce que je ne sais dire
Courant sur les chemins déserts
Où comme souvent sans sourire,
Maintenant mon regard se perd.

Je sais bien ce qui me tenaille
Et ce qui me tiendra toujours :
Ces après-midi de grisaille
Où le passé pèse si lourd.

            ***

 Automne clément.

Des matins et des soirs d’étonnante douceur
Loin de ceux d’autrefois pour un étrange automne,
Plus que par le passé flamboyant de couleurs :
Un décor imprévu dont la beauté m’étonne.

Nos automnes d’antan, faut-il les oublier ?
Quand les aubes d’octobre étaient blanches de givre
Et qu’un coup d’œil jeté sur le calendrier
Suffisait à prévoir le froid qui devait suivre ?

Quand au Sud on vivait presque encore en été,
Ce qui nous paraissait tenir d’un privilège
Pour lequel nous aurions tout donné sans compter,
Tout, c’est certain, le reste, et même plus qu’en sais-je ?

D’un coup ce beau climat, rêve de nos vieux jours
Au futur incertain, le présent nous l’apporte ;
Quel bonheur de sentir son cœur un peu moins lourd
Pour avoir le midi soudain à notre porte !

            ***

 Un vieux Noël.

Repas de Noël en famille :
Sur cette nappe blanche où les couverts
Anciens des grandes fêtes brillent ;
Quels mets appétissants l’on sert !

Il neige dans les rues obscures
Où ne passe pas un piéton,
Où ne passe aucune voiture
Et d’où ne monte pas un son.

On éteint toutes les lumières
Pour écouter une chanson
Qui vous a des airs de prière,
Un vieux refrain de réveillon.

Dans l’ombre, l’odeur du sapin,
Guirlandes et lumières douces,
Et l’impatience à la rescousse
Mais il faut attendre demain.

« Attendre » un mot bien difficile
Quand on a que douze ou treize ans,
« Attendre » à l’heure où se faufilent
Dans la nuit des rêves grisants !?

            ***

 Continuité.

Mes deux parents sont morts il y a bien longtemps,
Comme avec eux, leur temps, leur manière de vivre;
J’en conserve le peu que je puis encor suivre,
Il me semble qu’ainsi ils sont toujours présents.

La ligne se poursuit et moi je suis content
D’ajouter une page à celles de ce livre :
Mes deux parents sont morts il y a bien longtemps.

Lorsque je les revois, je souris un moment,
Passent en leurs saisons, la chaleur ou le givre,
Du premier jour qui rêve au dernier qui délivre,
Tous ceux qui me suivront feront pareillement ;
Mes deux parents sont morts il y a bien longtemps.

                        ***

 L’Âge.

Dans le soleil brumeux de ses plus beaux atours
Où ruines et grandeur s’érigent en devise,
De canal en canal, que dire de Venise,
La maîtresse autrefois de toutes mes amours ?

Que l’âge a moins de gains qu’il ne compte de pertes,
Que l’âme, après le corps, finit par se lasser,
Que c’est à contrecœur que les jours ont passé
Emportant l’émotion de mille découvertes.

Le spectacle est le même et je n’en jouis plus,
Je manque maintenant beaucoup d’exubérance,
De courage peut-être et d’un peu d’espérance :
Je vois ce que j’aimais et n’en suis pas ému.

J’ai les mêmes désirs, j’ai la même conscience
Et quant à mes plaisirs, mes goûts n’ont pas changé,
Mais le pas s’est fait lourd, mon cœur est moins léger,
L’âge avec les soucis me rongent en silence.

            ***

 A Tous les Deux.

Vous êtes ma raison de vivre
Et celle de tous mes efforts,
La joie aussi qui me délivre ;
Vous êtes ma raison de vivre.

Je fais mais à vous de poursuivre
Au jour décidé par le sort ;
Vous êtes ma raison de vivre
Et celle de tous mes efforts.

            ***

Temps de Noël.


Temps de décembre et de flocons,
Temps de sapins et de bougies,
De guirlandes et de chansons
Mais aussi d'amour et de vie,
Temps de paix et de charité,
Temps pour chacun de l'espérance
Que le Seigneur vînt apporter
Au jour ancien de Sa naissance.
 
           ***


vendredi 3 décembre 2010

Rude Hiver.






Après-midi crépusculaire
Et dans la rue un froid polaire,
Sinistre d'être ainsi obscur
Entre le deuil glacial des murs
De toutes ces vieilles façades
Et celui des jardins maussades
Où le jour est à l'abandon;
Cet hiver ci sera bien long.
Et dans l'ombre et dans le silence,
Il est pourtant plein de violence,
De colère et de cruauté
Et patient à ne pas compter
Les heures, les jours, les semaines,
C'est un hiver empli de haine,
De force et de ressentiment
Et qui les sert aveuglément.

         ***

vendredi 26 novembre 2010

Utopies et Chansons.- Folio 2.- Quatre Saisons de Jeunesse.




Printemps pluvieux -1.

Il pleut sur les chemins, il pleut sur le printemps
Et mille flaques d’eau se rident sous le vent,
De sillons en sillons et de trous en ornières,
Sous l’argent ou le bleu d’une étrange lumière.
La violette a fané, les arbres sont en fleurs,
Du froid à la douceur et de la joie aux pleurs
S’il naît un nouveau jour, quoique l’espoir conquière,
Il pourrit de vieux troncs dans l’eau de la rivière.

            ***

Printemps pluvieux – II.

Aux chemins d’un Printemps crotté,
Marche une amie un peu boueuse,
Quant à moi, j’ai les pieds trempés :
C’est une après-midi heureuse.

Quel poète nous chantera
Le plaisir des champs labourés,
Des flaques d’eau et cetera,
En ces dimanches adorés ?

            ***

Au Début.

De perce-neige et de narcisse
Au beau milieu de mon jardin
Pour que le printemps s’accomplisse,
De perce-neige et de narcisse.

Les quelques nuages qui glissent
Ne sont pas encore pas encore la fin
De perce-neige et de narcisse
Au beau milieu de mon jardin.

            ***
Mai - I.

Bruissent les marronniers
Qu’un faible vent agite :
Mai l’a pris pour coursier,
Bruissent les marronniers.

Sur les toits les ramiers,
Se promenant méditent,
Bruissent les marronniers
Que le Printemps habite.

            ***

Mai – II.

Un jour du mois de Mai
Sur les labours se lève
Où l’or teint les guérets,
Un jour du mois de Mai.

L’Hiver fuit et se tait
Lorsque gonflés de sève,
Un jour du mois de Mai,
Partout les bourgeons crèvent.

            ***
L’instant fleuri.

Le calme de l’instant dans un jardin fleuri
Je l’ai tant désiré et si souvent décrit,
J’ai fait en l’espérant une si longue route,
Le terme en est atteint, voici que je le goûte.

Il fait doux à rêver, le jour décline et meurt
Et je suis assis là, dans le parfum des fleurs,
A regarder le ciel et n’ayant d’autre ouvrage
Que de laisser le temps poursuivre son passage.

***

Soirs d’été - I.

Le crépuscule tombe
Sur les rives du Rhin,
La fin du jour succombe ;
Le ciel clair est serein.

Le revers gris des feuilles
Brille, mat, sous les cieux,
Les arbres se recueillent,
Le soir est sur les lieux.

Derniers reflets sur l’onde,
L’or se mêle au carmin,
Le soleil vagabonde
Et s’attarde en chemin.

L’argent sur l’eau scintille,
Puis l’étain moins brillant,
Au ciel c’est l’escarbille
Après l’or chatoyant.

Et voici l’heure grise,
D’ombre aux chemins silencieux,
Le long des rives imprécises
Dormant sous un ciel insoucieux.

            ***

Soirs d’été – II. Rêve.

Et le crépuscule fana,
Au-dessus de la plaine
Ses roses délicats
Fuirent la nuit prochaine.

Jusqu’au bleu du lointain,
Sur des couleurs éteintes
Etendant son étreinte,
L’obscurité s’en vint.

Les formes, les objets,
Un à un disparurent,
A l’ouest un reflet
Marquait la voûte obscure.

Sur la brume et son voile
La lune se leva
Mais pas la moindre étoile ;
Quel souci m’éveilla ?

            ***

Soirs d’été – III.

Déjà le jour s’avance
Et prend des reflets d’or
De plus en plus intenses ;
Déjà le jour s’avance.

L’ombre monte et s’élance,
La nuit prend son essor,
Déjà le jour s’avance
Que l’eau reflète encor.

            ***

Automne – I. Octobre.

Il fait un temps triste et maussade,
Au demeurant très comme il faut,
La pluie n’est pas une brimade
Et c’est ainsi qu’octobre est beau.

Non ! Je me raconte une histoire,
Une histoire à passer le temps
Quand il est de pluie et de vent
Mais que personne ne peut croire ;

L’Automne est beau sous le soleil,
Le reste n’est que fariboles,
Mensonges et mauvais conseils
Et la grisaille me désole.

            ***

Automne – II. Le 11 Novembre.

Sous le ciel gris les tranchées
Qui ne tranchent plus beaucoup,
Après tant et tant d’années,
Sur le paysage et, dessous
La terre épaisse de novembre,
Des éclats de métal rouillé,
Un crâne et des fragments de membre :
Un cadavre oublié,
La bouche pleine du silence
Qui faisait tant défaut
A ses vingt trois ans d’existence
Qui dorment sans tombeau.

            ***

Automne – III.

Sous les arbres dépenaillés,
Passe un automne enguenillé
En maudissant cette grisaille.

Il fait un temps à se brouiller
Avec ce temps bien dévoyé
En maudissant cette grisaille.

Il fait un temps à s’ennuyer,
A tourner en rond, à bayer
En maudissant cette grisaille.

Un temps tout de gris barbouillé
Où l’on déambule mouillé
En maudissant cette grisaille.

Envoi :

Ceci, formé vaille que vaille
N’est pas un virelai qui m’aille,
Je ne peux vous le conseiller,
En maudissant cette grisaille.

            ***


Hiver – I.

Sur le jardin fané la pluie,
Un froid dimanche où je m’ennuie,
Et les toits détrempés, luisants,
Et le ciel gris d’hiver, lassant.
Sonorité des vers, silence,
Marquant les rimes en cadence
Afin qu’il en naisse à mon gré
L’effet que j’en ai désiré.
Arbres aux troncs noircis, humides,
Rosiers dormants, pelouses vides,
Quartier désert, morne trottoir
Où l’après-midi sent le soir,
Quand l’encre des mots sèche,
Triste, lasse et revêche.

            ***

Hiver – II. Crépuscule.

Il tombe un crépuscule d’or,
Teinté de rose et de violine
Où le jade un instant domine,
Le jour se meurt, le jour est mort.

Artifice et magnificence
A cet instant vont de concert,
Feront-ils oublier l’hiver
La nuit, le froid et le silence ?

            ***
Hiver – III. Dimanche.

Voici des nuages bleu-gris
Et des nuages noirs de pluie,
Les jours sont brefs, on l’a compris,
Les dimanches d’hiver m’ennuient.

Le brun est la seule couleur
Sur les chemins de la campagne,
Sombres, sans feuilles et sans fleurs
Où la mélancolie me gagne.

Ce sont des moments de la vie
Dont je ne puis faire le tri,
Les dimanches d’hiver m’ennuient,
Chacun, j’espère, l’a compris.

            ***

Deux Sapins.

Ils sont au début d’un chemin,
Sombres au bord du paysage,
Deux silhouettes deux sapins,
Dont je ne saurais dire l’âge.

Solitaires et majestueux
Comme deux arbres de légende
Dont les souvenirs en ces lieux
Au grand vent de minuit s’entendent.

            ***

Entre-deux.

Entre l’hiver et le printemps
Une lune encore glaciale
Par-dessus les toits et j’attends,
Entre l’hiver et le printemps.

Est-ce l’obscurité vraiment
Que ce jardin aux ombres pâles,
Entre l’hiver et le printemps
Où monte une lune glaciale ?

            ***

Printemps.

Il n’est que boue en toute ornière,
Comme aux champs que boueux sillons,
Silence et boueuse misère
Aux villages comme aux vallons
Et sur les bords de la rivière,
Alors, me direz-vous, au fond,
Pour chanter la boue aux clairières,
Une ballade c’est bien long.

Mais voyez-vous, c’est qu’aux chaumières
On voit éclore des bourgeons
Et les jacinthes font les fières
A peine sorties de l’oignon.
Quand on voudrait, une heure entière,
S’amuser de mille façons
Et profiter de la lumière,
Une ballade c’est bien long.

Car voici qu’il y a matière
A rire et à changer de ton ;
A l’heure où le printemps conquière
Jusqu’au plus humble des buissons,
Le soleil taille des croupières
Aux nuits d’angoisse et de frissons,
Pour se rappeler la dernière
Une ballade c’est bien long.

Passant, je fis à ma manière
Des vers pour chanter la saison
Mais pour tant de fleurs éphémères,
Une ballade c’est bien long…

            ***