mercredi 9 novembre 2016

En Souvenir des Marronniers du Quai.




Vous avez si nombreux flâné sous mes ombrages,
Peut-être quelquefois aimé sous mon feuillage,
Et le blanc de mes fleurs a cent années durant
Annoncé le Printemps à l’Hiver expirant.

Puis ces feuilles dorées qu’à regret j’abandonne,
Cent fois le long du quai ont marqué vos automnes,
Sous mes branches noircies cent hivers ont passé
Où les canaux gelaient près de mon tronc glacé.

J’ai grandi comme font mes frères des montagnes,
Donnant, cent ans durant, comme un air de campagne
Au triste dos noirci des pavés écailleux,
Qu’en même temps que moi, semèrent vos aïeux.

Ces cent ans en commun un seul mot les condamne ;
Pour un chemin de fer un peu mégalomane
On m’arrache demain, me voilà disparu
Et sans doute oublié ; je ne l’aurais pas cru.

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