lundi 27 octobre 2014

La Forêt du Rhin.





Dans la forêt, une rivière,
Une barque immobile au bord,
Le courant retient la lumière
Où la barque noire s'endort.

Un reflet d'automne qui passe,
Qui passe et fuit et ne dit rien
Aux grises branches qui l'embrassent
Dans le crépuscule qui vient.

Un calme un peu mélancolique
Envahit l'ombre des sous-bois
Où le mois d'octobre s'applique
A ne pas se montrer trop froid.

Des souvenirs s'en vont ensemble,
Vagues autant que nonchalants,
Le long de ces rives où tremble
Ce jour d'automne en s'en allant.

Et c'est un peu comme Verlaine
Et c'est un peu comme Rimbaud,
Le vague et la vie hors d'haleine,
Brèves amours des soirs si beaux

Et brèves amours de l'aurore
A qui midi manque toujours,
Qui sous les mots cherchent encore
Le sens de leurs instants trop courts.

Mais la rivière rejoint l'ombre
Comme le jour va vers la nuit,
Rentrons, ma Chère, il fait si sombre
Que marcher devient un ennui

Le long de la rive indécise
Lorsque s'estompent les couleurs
Et que le soir qui vient se grise
En vain de songes enjôleurs.

               ***

lundi 20 octobre 2014

Départ.



Le soleil m'a confié: "Je m'en irai demain,
Comme les feuilles d'or, juste avant la Toussaint,
Et les bois seront gris au désert des campagnes;
Qui craint le vent d'hiver, me suive et m'accompagne."

Et le matin m'a dit: "Je me ferai brouillard
Et givre sur les champs, je me ferai grisaille."
Et la nuit m'a confié du ton le plus gaillard:
"Je me ferai noirceur, je me ferai muraille !"

Midi m'a prévenu: " Je m'en vais pour longtemps,
La glace va figer l'étang et la rivière
Et les jours passeront sans chaleur ni lumière,
Mornes, ternes et las, Dieu seul sait juqu'à quand."

L'horizon transparent où convergent les routes
Dans cette douceur bleue et rose du couchant
M'a montré les labours qui sillonnent les champs
Et m'a dit: "Qui demeure, il sait ce qu'il en coûte..."

                           ***



vendredi 10 octobre 2014

Voix.





La nuit s'attarde en son réseau de pluie
Où les accrocs des pignons et des toits,
A l'infini, luisent d'ombre et de suie;
Le vent d'Automne hante un minuit froid.

Aux caniveaux où les heures ruissellent,
Mille reflets naviguent orphelins
D'un réverbère ou d'enseignes jumelles
Et l'averse qui court n'a pas de fin.

Que fais-je là, que fais-je à ma fenêtre
Sinon songer à d'anciennes saisons,
Sinon chercher le meilleur moyen d'être
Quand on n'a plus confiance en ses raisons ?

Parfois je crois être la feuille morte
Qui devient boue après qu'un or trompeur
L'ait désignée au grand vent qui l'emporte
Dans cette nuit sans plaisir et sans peur.

Hauts murs éteints, carrefours sans personne,
Où mènent donc les trottoirs de toujours
Dans ce désert où l'averse résonne
Sur de vieux monuments obscurs et sourds ?

Il pleut encor sous les balcons de pierre,
Le long des quais où s'étirent les ponts,
Est-ce donc vous qu'il faut que je requière,
Voix qui venez de profondeurs sans fond ?

                        ***