dimanche 31 mai 2020

Dans ma cuisine.



Cette après-midi-ci je suis

Dans les fumets de ma cuisine,

Simple à défaut d’être divine,

Bonne peut-être si je puis.

 

Mais puisque l’on revient chez moi

C’est qu’on l’aime un peu j’imagine,

Bien que quelquefois j’y devine

Plus d’éducation que de choix.

 

Déjà mon repas se dessine

Et voici l’instant redouté :

Le jugement, je vais goûter

Et voir s’il faut que je l’affine.

 

Un rien de trop vous coûte cher,

L’œuvre n’admet pas la rature,

Succès ou bien déconfiture,

Ici tout se gagne ou se perd.

 

                               ***       

samedi 23 mai 2020

L'amour, l'eau calme et la saison.



L’eau passe calme sous le pont

Comme aussi s’enfuit la saison

Comme passe une silhouette

Comme s’enfuit une chanson.

 

L’amour dont je voudrais écrire,

Chacun le vit à sa façon ;

La saison pourrait vous le dire,

Et l’eau reprendrait la leçon.

 

Dessus le pont celle qui passe

A dans son regard scintillant

Précieuse conservé la trace

D’un rêve enfui mais souriant.

 

Celle qui, cet instant résume,

Ce que ces mots et moi savons,

Comme se dissipe la brume,

Comme les nuages s’en vont,

 

S’en va, je ne sais où, légère

Comme font les reflets et l’eau,

Comme la chanson passagère

Et la saison puisqu’il le faut.

 

                               ***

mardi 12 mai 2020

Comme lin et blé.



(Église Saint-Étienne - Strasbourg - Alsace.)

Mon amour est un rêve profondément enfoui,

Paisible exempt d’évanescences anciennes,

Colères du désir qui des jours font des nuits ;

Abandon de partie, heureuse obsolescence…

La braise pourtant  ne meurt pas,

Dans cet hiver au lourd manteau de cendres

Toutes choses s’en vont, lui pas.

Mon amour est un rêve profondément enfoui,

Au blé vanné, au lin roui,

Promesse d’un achèvement

Semblable et à venir

Dans l’éternel printemps.

 

                               ***