mardi 31 octobre 2017

Un moment.





Ce n’aura été qu’un moment,
Une passade ou un orage,
Un peu de soleil de passage ;
Ce n’aura été qu’un moment.

Mais nous ne découvrons vraiment
Qu’après avoir tourné la page
Si c’était un mot seulement,
Un souffle léger de passage
Ou un orage.

Quoique il en soit, et c’est dommage,
Ce n’aura été qu’un moment.

                               ***                                                                   .

Note: Cette pièce est une « Reprise », pièce de forme fixe en octo ou décasyllabes sur deux rimes dont la structure est la suivante :

A1B1B2A1  A2B3B4A3+1/2B1 (rentrement)  B5A1 (conclusion).

Ma poésie.




C’est un salmigondis replet
Ou comme un pâté de rillettes,
D’épithalames, de poulets,
De grands sentiments en paupiettes,
D’odes, rondeaux ou de sonnets
Avec en bordure d’assiette
Une couronne de regrets,
Sans oublier une mauviette[1]
Assaisonnée en virelai,
Saupoudrés faute de sarriette
De mes chagrins au grand complet
En quelques ballades inquiètes.
A force, on grossit du collet,
La tête se fait grassouillette,
On est perclus de bourrelets
Et l’on se résigne à la diète :
Octosyllabes, triolets
Ou l’art d’écrire des miettes
En de gros volumes complets ;
Octosyllabes, triolets.
Ce sont de faciles couplets
Pour une facile cueillette ;
Octosyllabes, triolets
Ou l’art d’écrire des miettes.

                               ***
 


[1] Jeu de mots sur le sens de « mauviette » : à l’origine l’alouette commune.

A qui ?




A qui ne s’est jamais complu
Aux beautés par trop éphémères
Des horizons irrésolus,
A qui ne s’est jamais complu
Dans les mêmes mots trop relus,
J’offre ces couronnes amères,
Où ceci s’écrit : « A naguère,
Et puis à l’amant inconnu,
A qui ne s’est jamais complu
Aux beautés par trop éphémères.»

                               ***        

dimanche 29 octobre 2017

Le tilleul.




Le tilleul embaume la nuit,
Je regarde les hirondelles,
De la rue monte moins de bruit ;
Le tilleul embaume la nuit.

Là-bas où l’ombre m’a conduit
Aux parfums du jardin se mêle
La fraîcheur de ce soir qui fuit
Dans une douceur éternelle.

Une première étoile a lui,
Le cœur en paix je me rappelle…
Le tilleul embaumait la nuit,
Je regardais les hirondelles.

                               ***

L'amour forteresse.



(Château du Bernstein - Alsace.)

Il pleut comme l’Automne pleut
Quand le froid revient dans les villes
Obscures des minuits boueux
Au désert des places hostiles.

Vous qui veillez en languissant,
Repensez à votre jeunesse
Et répétez ses mots puissants :
« Mon amour est ma forteresse. »

Tant et tant d’Automnes ont plu
En balayant ses murs sans cesse
Sans qu’aucun d’eux n’ait jamais su
Faire triompher sa tristesse !

Laissez donc cet Automne-ci
Faire comme ont fait tous les autres,
Laissez le s’enrager ici
Et répétez comme l’apôtre
Que rien ne séduit ou n’oppresse :
« Mon amour est ma forteresse. »

                               ***