lundi 30 juillet 2018

Buvons !




Belle, tendez-moi votre verre
Que je le remplisse d'un vin
Où se noient les heures amères,
Belle, tendez-moi votre verre.

Buvons à la santé de l'un
Puis de l'autre, comme naguère,
A la santé des jours défunts,
A l'oubli des jours de colère,

Buvons à la passion sincère,
A l'amour aux mille desseins,
Avant qu'un jour ne nous enterre,
Buvons à tous nos lendemains !

Comme tout finit sous la pierre
Et que je ne suis pas devin,
Daignez exaucer ma prière:
Avant de m'embrasser enfin,
Belle, tendez-moi votre verre
Que je le remplisse de vin
Et sans plus faire de manières
Nous boirons à notre destin.

                ***

dimanche 29 juillet 2018

La légende revisitée.




J’ai revu ce lac tentant
Où comme Diane, aussi nue,
Si belle et sans retenue,
Tu te plongeais dans le temps.

Des bourgeons aux feuilles mortes,
Tu t’y baignais le matin,
Sans compagnes, sans escorte ;
J’étais seul et sans mâtins[1],

Actéon[2] plein de prudence,
Plus encor de discrétion :
Pour cette profanation
Il n’y eut pas de vengeance.

J’ai bien retrouvé la place
D’où je t’admirais de loin,
De toi plus la moindre trace
Hors mon rêve en contrepoint.

                               ***       


[1] Mâtin : nm, gros chien de garde ou de chasse.
[2] Actéon : mythologie grecque, accompagné de ses chiens, le chasseur Actéon surprit Diane, déesse de la chasse, qui se baignait nue, celle-ci pour le punir de l’avoir vue ainsi, le transforma en cerf que ses propres chiens déchirèrent.

samedi 28 juillet 2018

L'été envolé.




Par les champs, les champs  de blé,
Par les champs, les champs d’avoine,
Éteules, chaumes, bardanes
Notre été s’est envolé.

Notre été, nos beaux matins,
Nos midis, nos crépuscules,
Nos amours de funambules,
Nos rêves jamais atteints,

Nos longs discours sans paroles,
Nos caresses, nos serments,
Maîtresses, gentils amants,
Comme ce tout qui s’envole ;

Par les bois et les futaies,
Par les sillons, par les haies,
Par les champs, les champs de blé,
Notre été s’est envolé.

Il ne nous a rien laissé
Si ce n’est un brin de paille,
Cette chanson qui nous raille,
Un souvenir dépassé.

Coupe et fauche et cueille et taille,
La chevelure en bataille
Souriant, toujours pressé
Il n’aura fait que passer.
Par les champs, les champs de blé
Notre été s’est envolé.

                               ***