samedi 27 février 2021

Sur une tour.

 

 

Le regard porte loin, tout au bout de l’été

Où les plus paresseux des nuages s’endorment ;

Au sommet de la tour que tutoient de grands ormes

Nul guetteur pour veiller sur ces lointains bleutés.

Au fond des douves stagne encore un peu d’eau verte,

Depuis quatre cents ans la poterne est ouverte

A tous les visiteurs, aux vents et aux saisons

Et plus trace de toit ni même de charpente

Au sommet du logis mais on voit un blason

Par miracle échappé sans doute à la tourmente

Orner l’ample manteau des vieilles cheminées.

On le distingue mal, on n’en peut approcher

Depuis certainement d’innombrables années,

Il n’y a plus ici trace d’un seul plancher.

Du sommet de la tour où nul créneau ne reste,

Aujourd’hui comme hier, le regard porte loin.

Et l’on pense légende ou bien chanson de geste

En guettant un écho que l’on n’entendra point.

Un peu de nostalgie à ce moment vous gagne,

C’est le même ciel bleu, c’est la même campagne

Où l’on voit s’éloigner les mêmes vieux chemins,

Ce sont les mêmes bourgs et les mêmes églises,

Et l’on sent à portée, ou presque, de sa main…

Quand l’appel d’un ami d’un seul coup vous dégrise !

 

                               ***       


 

mardi 23 février 2021

Le devin.

 

 


Qu’il est heureux celui qui sait des dieux

Interpréter les volontés obscures,

Celui qui voit toujours plus loin et mieux,

Au discours ferme, à la démarche sûre,

 

Celui qui sait,  en tout évènement,

Vous discerner une intention divine

Et puis vous exposer très clairement

Des plans du ciel ce que lui seul devine.

 

Il peut ainsi s’éviter les efforts

Que les autres naïvement consentent ;

Nul n’oserait prétendre qu’il a tort :

Qui donc croirait qu’un interprète mente ?!

 

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mercredi 17 février 2021

Pour vous, ma Peine et ma Tristesse...

 


 

Je reprendrai l’alexandrin de ma jeunesse

Pour me moquer de vous, ma Peine et ma Tristesse ;

Que l’époque soit folle et ce monde très laid,

J’en conviens mais qu’importe au grand âge que j’ai.

La bêtise en ce monde est-elle une étrangère ?

Elle y règne souvent mais elle est passagère,

Tyrannique bien sûr, sanglante quelquefois,

Victorieuse jamais et vous manquez de foi

De vous désespérer comme je vous vois faire,

Ma peine et ma Tristesse, en si banale affaire.

 

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