vendredi 21 mars 2014

Exorcisme.



I.

Exorcisons le mauvais temps
Et chassons les heures pénibles,
Ce vieux "profitez de l'instant"
N'est-il pas toujours accessible ?
Voulez-vous cessez de courir
Les chimères ou les mirages ?
Voulez-vous cesser de chérir
La solennelle erreur des "sages" ?



II.

Cherchez un étang où prendre un bain de minuit,
Apprenez à tricoter mille pitreries,
Allez donc pêcher la lune au fin fond d'un grand puits
Et pour une fois mangez trop de sucreries.
Chantez à tue-tête et en grec ancien,
Cultivez les oignons cuits, faites des caricatures,
Désaccordez les violons, oubliez les mots anciens,
Déracinez votre chien, veillez sans mesure !

                             ***

mardi 18 mars 2014

Désastres du T emps.





Le temps s'allonge sans mesure
Dans nos pires difficultés;
Quand tout s'apaise et nous rassure
On le voit soudain se hâter.

On ne peut que le laisser faire,
Bien sûr il se moque de nous,
Il ne cherche qu'à nous déplaire,
A nous mettre enfin à genoux.

Il se plaît à ce qu'on l'implore
Mais sans vouloir nous écouter,
Par dessus tout ce qu'il adore
C'est d'insulter à la beauté,

C'est de ruiner nos espérances
C'est de nous priver de nos biens,
C'est de renier ses assurances
Et qu'il ne nous demeure rien.

                 ***




lundi 17 mars 2014

Un Poème d'Autrefois.




Amour, mon bel Amour, n'irons-nous pas ensemble
Retrouver le soleil et l'ombre de l'été
Et le bord des ruisseaux où le feuillage tremble
Dans la brise d'un jour mille fois raconté ?

Où marchions-nous tous deux quand la rose trémière
Comme les nymphéas, sentant le soir venir,
Semblaient sous nos regards s'ouvrir dans la lumière
Et dire notre émoi pour mieux le retenir ?

Amour, mon bel Amour, comme les beaux jours passent,
La neige est arrivée et le froid de l'hiver,
Nous sommes séparés, voici que l'an s'efface,
Nos ruisseaux ont gelé, nos chemins sont déserts.

                                ***


dimanche 16 mars 2014

Le Soir.





Le soir vient clore la journée,
Lentement, avec tant d'égards,
De politesse surannée,
Que l'ombre paraît en retard
Sur la réalité de l'heure,
Un "entre-deux", moment précieux,
Où, de tout, il ne nous demeure
Qu'un calme doux et silencieux.
On peut s'y parler à soi-même,
Tenant un discours résigné,
La vie en est l'unique thème,
Sur laquelle on a cru régner
Et qui, semblable à la lumière
De ce jour finissant, s'enfuit;
La jeunesse vivait si fière
Et voici que tombe la nuit.

               ***

vendredi 14 mars 2014

Occupations.





Je fais des triolets,
Certains font des brioches,
D'autres font des volets;
Je fais des triolets.

Certains font les follets,
Certaines font des mioches,
Certains font des brioches,
Je fais des triolets.

              ***

jeudi 13 mars 2014

Au Soleil.




Au soleil, comme un vieux lézard
Cherchant le midi de la pierre
Pour s'y chauffer jusqu'au plus tard
De ce ciel empli de lumière,

Au soleil et si paresseux
Que même penser m'importune,
Au soleil où quoique fort gueux
Je ne m'endors pas sans fortune,

Au soleil, comme un marronnier
Dont tous les bourgeons vont éclore,
Comme ces pignons habillés
D'azur que le printemps redore,

Au soleil mais plus prosaïque,
Dans mon fauteuil tout simplement,
Loin de l'or ou des mosaïques,
Je me prélasse longuement.

               ***

mercredi 12 mars 2014

Ruine.





Mon temps se ruine aux quatre coins du vôtre,
Je sais être cela qui tant se voulût autre
Qu'on la cru demeuré et de douce folie,
Mais tout est bien ainsi; que le monde m'oublie,
Que mon nom ne soit plus ou n'ait jamais été,
Je m'en porterais mieux et vous, que vous importe ?
Je suis ce rêve à mon coeur raconté
Et l'enfance qui rit et vous demeure morte...

                         ***

mardi 11 mars 2014

Les Nuages de Pluie.





C'est un jour gris d'un hiver renaissant,
Au charme lent des nuages de pluie,
Aux toits d'ardoise et aux trottoirs luisants,
C'est un jour gris d'un hiver renaissant.

Un vent d’ouest qui frissonne en passant,
Un jardin vide, un horizon de suie,
C'est un jour gris d'un hiver renaissant,
Au charme lent des nuages de pluie.

                   ***

lundi 10 mars 2014

L'Hiver du Poète.




L'avenir de mon œuvre est-il fait de revers ?
Si de ce que j'écris on ne fait pas de livres
Et des livres qu'on lit, afin de me survivre,
Il ne me sert à rien d'écrire tant de vers.

Me faudra-t-il penser qu'ils sont faits de travers ?
Que je les ai crus bons un soir que j'étais ivre
Alors qu'ils sont mauvais à m'en couper les vivres
Et à me proposer d'aller me mettre au vert ?

Si me croyant doué je me mens à bon compte,
Pour demander pardon, pour effacer ma honte,
Dois-je quitter le monde et me faire convers ?

Avouant mon erreur et mon peu de mérite,
Dois-je aller au désert jeûner comme un ermite
Et perdre pour des vers, le gîte et le couvert ?

                      ***

jeudi 6 mars 2014

Le Routier.




Un soir ici puis un soir là,
Mon épouse, la solitude,
Il m'arrive d'être bien las:
Un soir ici puis un soir là.

On me demande et me voilà,
Je me nourris de servitude;
Mon épouse, la solitude,
C'est une union quelquefois rude,
Il m'arrive d'être bien las.

mardi 4 mars 2014

Printemps du monde.






Ce sera le plus beau Printemps
De toutes les années d'un monde
Qui n'en espérait plus autant;
Ce sera le plus beau Printemps.

Et ce seront mille fragrances,
Mille couleurs,
Mille nuances,
Mille manières de bonheur,

Et ce seront mille espérances
Et mille aveux,
Mille expériences
Et mille aubes de feu,

Mille versets d'un autre temps
Riant de leur propre faconde, 
Ce sera le plus beau Printemps
De toutes les années du monde.

                 ***