mercredi 27 juin 2018

À Magrin (Tarn).



Au jardin, l'althéa, la sauge en majesté,
Et l'or de l'escholtzia, les lavandes fleuries
Et le pourpre profond des roses qui sourient,
Aux matins lumineux, disent assez l'été..
L'ombre épaisse des bois et l'horizon bleuté
Et les grands champs cuivrés et les herbes jaunies,
Les routes qui s'en vont de poussière ternies
Jusqu'au ciel à midi, parlent d'éternité,
Parlent à qui veut bien s'efforcer de l'entendre
-Mais à quoi bon parler à qui ne peut comprendre ?-
D'une attente infinie et d'un temps arrêté.
Dans le bourdonnement affairé des abeilles,
Le contre-point du vent, sans cesse répété,
Je perçois tout l'été des chants qui m'émerveillent. 

                          ***

lundi 25 juin 2018

Va et vient.

De l'été qui revient à l'été qui s'en va
Le temps d'une émotion à peine,
Et des allures de diva
De l'été qui revient à l'été qui s'en va.

L'un qui le commença, l'autre qui l'acheva,
Ce monde que tous deux emmènent
Le temps d'une émotion à peine,
De l'été qui revient à l'été qui s'en va.

                                ***

samedi 23 juin 2018

La dame de compagnie.

À l'heure où s'exhale un parfum
Léger d'herbe sèche et de foin,
Aussi doux qu'il est nostalgique,
Aussi présent, aussi lointain,
Aussi beau, presque aussi magique
Qu'en amour un premier matin,
Assis dans un pré, je regarde
Les feux du couchant qui s'attardent:
Éclat du pourpre que poursuit
Le bleu- vert avant le bleu nuit ;
L'ombre sous les arbres s'avance
Et l'ombre sait à quoi je pense.

Si vous m'aviez accompagné,
Que n'aurais-je pu oublier
Et nous aurions, main dans la main,
Doucement parlé de demain...
Si vous m'aviez accompagné.

                       ***

mercredi 20 juin 2018

La rose rouge.

Petit poème langoureux
Dans une chaleur méridienne
Peuplée d'insectes bienheureux
Qui en zigzaguant vont et viennent,
Amants inconstants et charmants
De fleurs diverses et gracieuses
Dont la Reine, à peine orgueilleuse,
Est la rose couleur de sang.

Bel objet dans cette lumière
De leurs hommages incessants,
Qu'aucun n'emporte ou ne conquière,
Souveraine et si familière,
Rose au velours si caressant,
Voici, l'offrande est singulière,
Les vers que je fis en passant
À la rose couleur de sang.

                        ***

Un nuage dans le ciel.



Un seul nuage dans le ciel 
Un jour d'été bien avant l'heure, 
Comptons le pour péché véniel :
Un seul nuage dans le ciel. 

Douceur et calme immatériels 
Où tant d'autres étés demeurent, 
À peine une pointe de fiel :
Un seul nuage dans le ciel. 

Belles saisons et jours pluriels 
Qu'à peine une ombre effleure ;
Un seul nuage dans le ciel 
Un jour d'été bien avant l'heure. 

***

jeudi 14 juin 2018

Tête à tête.




La lumière était douce au-dessus de la table,
La nuit montait dehors et sans doute il pleuvait,
Je sais pour bavarder des lieux plus agréables,
Puisque vous y étiez celui-là me plaisait.

Il émanait de vous une beauté tranquille,
Des paillettes de rire y brillaient çà et là,
L’heure s’alanguissait aux montres inutiles
Et je vous contemplais en songeant à tout cela.

                               ***

mercredi 13 juin 2018

Pessimiste.




Les terres sont désertes
Et les arbres sont morts,
Chaque heure est une perte,
Rien n’apaise le sort .
L’étang a des vagues muettes
Et la couleur du plomb,
Trois corbeaux et quelques mouettes
Se partagent seuls l’horizon,
Sur les clochers la bise
Grince sa dérision…
Et si d’aucuns vous disent :
« Ce sont là des visions
Ce cauchemar de paysage
Est dans l’esprit de l’écrivain »,
Je vous dis, moi, que c’est l’image
Simplement de vos lendemains.

                               ***

lundi 11 juin 2018

Retour en arrière.




Je regarde un vieux vase aux émaux cloisonnés
Qui se souvient encore, sans même s’étonner,
Des vacances de juin, des Noëls en famille,
Des Pâques enneigées au bord de la charmille,
D’un calme plantureux et d’excellents repas,
De livres passionnants et que l’on n’oublie pas,
Et de ceux-ci surtout dont le soir en silence
Je regrette souvent les mots et la présence.
Tout était plus facile et je ne sais comment,
Je crois bien que le temps passait plus lentement.
Je retenais toujours les pages de mes livres,
L’été semblait de feu, l’hiver était de givre,
Mes désirs étaient neufs et leur flamme brûlait
De ce feu dévorant, encore insatisfait
Qui donne plus de prix aux plus petites choses ;
Au foyer aujourd’hui les cendres se reposent,
Mais je sais bien au fond que je n’ai pas tout dit,
Le rêve me demeure et tout n’est pas fini.

                               ***