lundi 31 juillet 2017

Dans mon assiette.



(Tête de veau sauce ravigote.)

Pourquoi ne chanterais-je pas
Ce que je vois dans mon assiette ?
Salmigondis, gigot, paupiettes,
Pour moi ne manquent pas d’appas.
Il est des plaisirs que l’on cueille
Sans avoir besoin d’être amants,
Sans élans du cœur, sans serments,
Tels un chapon, un mille-feuilles.
Le hareng pour humble qu’il soit
A sa place aussi sur ma page
Et que dirais-je du fromage
Ou bien des conserves d’anchois ?
Et le savarin et les tartes,
Les pâtés et le saucisson,
N’ont-ils pas de bonnes raisons
De figurer sur cette charte
Où je vais rétablir les droits
De la cuisine et de la table,
Moyens précieux et délectables
Du vivre-mieux et penser-droit ?

                               ***

L'Horloger.





Un instant de silence
Fragmente le bruit de la ville,
Le temps s’effeuille et quand j’y pense
Pourquoi l’amour s’écrirait-il ?
Au quai je sens la vase et l’eau ;
Passe le temps il fait si beau.

Il fait si beau, jours inutiles
Qui tissez le tissus présent
Convenons qu’il est peu habile
L’horloger qui fit ce cadran
Où l’aiguille de nos amours
Ne s’arrête qu’un seul instant
Avant de poursuivre toujours.

                               ***

samedi 29 juillet 2017

Vacances.



(Strasbourg - Les Ponts Couverts.)

Il n’y a plus grand-monde ici,
Un touriste et des hirondelles,
Je ne sais si je compte aussi ;
IL n’y a plus grand-monde ici.

Sur quelque horizon indécis
Se lève la lune nouvelle,
Je la vois d’où je suis assis ;
Il n’y a plus grand monde ici.

Je vous fait un pauvre récit
Mais ce soir, je vous le rappelle,
Il n’y a plus grand-monde ici,
Un touriste et des hirondelles.

Peut-être rêviez-vous d’amour ? Tant pis !
De nobles seigneurs et de belles,
D’amants poètes sans répits
-Je ne sais si je compte aussi- ?

Mais c’est l’été, tous sont partis
Hors les pauvres et les rebelles ;
-Je ne sais si je compte aussi-
Il n’y a plus grand monde ici.

                               ***

vendredi 28 juillet 2017

Perdue.





Je n’ai pas vu l’après-midi,
L’ai-je oubliée ou bien perdue ?
Je n’ai pas si mauvaise vue !
Je n’ai pas vu l’après-midi.

Le soir me retrouve interdit ;
Ne l’avez-vous pas aperçue ?
Dites-moi donc ce que j’en fis
Car la nuit tombe dans la rue ;
Pas une rumeur, pas un cri :
En somnolant l’ai-je déçue ?
Le soir me retrouve interdit,
Je n’ai pas vu l’après-midi.

                               ***        

Qu'en pensez-vous ?



(La Loire à St-Benoît-sur-Loire.)

Un jour de plus, un jour de mieux,
L’important n’est-il pas de vivre ?
De vivre encore un peu plus vieux,
Un jour de plus, un jour de mieux.

J’aime la terre, non les cieux
Au temps du Mai, au temps du givre 
Un jour de plus, un jour de mieux,
L’important n’est-il pas de vivre ?

De vivre en tachant d’être heureux,
S’il est faisable à peu près libre,
A défaut du moins amoureux,
En conservant son équilibre,
Un jour de plus, un jour de mieux ;
Dans sa maison, à mille lieux,
L’important n’est-il pas de vivre ?

                               ***