mercredi 28 mai 2014

Le Canal des Faux-Remparts.




Promeneur, j’écris l’Histoire au petit pied…

Sur les quais, à l’ombrage des marronniers,
Çà et là s’endorment des bancs philosophes
Dont le bois, très placide et ensommeillé,
Ne sait rien de la gloire ou des catastrophes.

Peinte en noir, la rambarde a beaucoup vieilli,
Sur ce bord où s’incurve au lointain son cerne
En marquant les murs autrefois assaillis,
Au beau temps où l’eau coulait le long des vernes.

Au beau temps où l’aigle, plus tard impérial,
Lacérait l’échine du lion de Bavière,
Fer et mort, la force pour cérémonial,
Cris sanglants, serres et bec, gueule et crinière.

Les vieux bancs regardent un bord de l’oubli,
L’autre côté, chez eux, c’est déjà la campagne
Et d’ailleurs au pied des bancs, les pissenlits
Revenus tellement nombreux en témoignent.

                             ***
 


Je Suis.




Je suis la tristesse du monde
Et l’humaine vieillesse
Et je suis la mendiante
Et je suis la pauvresse
Celle que l’on chasse à la ronde,
Et celle qui peine à marcher
Et celle qu’on voit suppliante
A l’heure où sonnent les clochers.
Je suis celle qu’on ne veut pas,
Celle dont on fuit le regard,
Qui ne réclame pas sa part,
Celle qui garde le front bas.
Je suis celle que chacun chasse,
Que l’on maudit, que l’on oublie,
Celle qui n’a jamais sa place
Dans les heures de votre vie,
Celle que toujours et encore
On évite et l’on craint,
Je suis cependant votre sort
Et le dernier mot du refrain :
Je suis la Mort.

         ***




 

samedi 24 mai 2014

Dix Phoèmes Strasbourgeois.


Note introductive: les "phoèmes" sont bien sûr des photos accompagnées d'un distique qui leur correspond (photos-poèmes ou phoèmes).



Deux rives, un vieux pont
Que hier et demain font.

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L'ombre parfois domine
Où le printemps chemine.

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Jours anciens et nouveaux
S'en vont au fil de l'eau.

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Mais certains jours pourtant,
Trop doux sont inquiétants.

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Une ville inconnue
Qu'on suit rue après rue.

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Le reflet d'anciens jours
Sommeille au pied des tours.

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Toits gris, rideau de pluie,
Averse et ciel de suie.

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Histoires et frontières
Oubliées dans la pierre.

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Gens en paix, dit l'adage,
Sachez prévoir l'orage.

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L'ombre des marronniers
Sur un quai familier.

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jeudi 1 mai 2014

Pour Hélène.





Je vous ai chantée jeune et belle et désirable
Et je vous chanterai quand le temps implacable
Ne laissera de vous qu'une ombre sans éclat
Qui s'éloigne du monde et marche pas à pas.

N'avez-vous pas compris ce que disent mes pages ?
Ce que j'aimais de vous, ce que j'aime toujours,
Ce n'est pas un instant, ce n'est pas une image,
Ce n'est pas un désir, ce n'est pas un discours,

C'est l'immense douceur de tout ce qu'on partage,
La suite des instants, si humble en soit le cours,
Ce qu'un regard contient de tendresse sans âge
Et ce qu'un geste dit dans un moment d'amour.

Le refrain de mes chants ignore les frontières
Des langues et des cœurs, de l'usure et du temps
Et je vous chanterai dans l'ombre et la lumière
Aujourd'hui comme hier et demain tout autant.

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