samedi 28 juillet 2018

Ici ou là ?




Là-bas, au bord du Rhin m’attend une maison,
Un jardin et les fleurs de la neuve saison,
Je rêve à des chemins de longue promenade
Et mon cœur est amer et mon âme est maussade.

Là-bas sont mes amis et là-bas ma maîtresse,
Là-bas la joie future et l’ancienne tristesse,
Tout ce qui me revient et tout ce qui me plaît,
Tout ce que je veux être et tout ce que j’étais.

Non, ne souriez-pas, ce fut toujours ainsi :
Je quitte mon foyer, en quelque endroit que j’aille,
Soit que je m’y repose ou bien que j’y travaille,
Mon bonheur était « là » mon malheur est « ici ».

                               ***        

Rondeau de jeunesse.




J’ai tant de plaisir à te voir
Que je veux ici te le dire
Usant du rondeau que j’admire
Sans en posséder grand savoir

Mais d’essayer j’ai bon vouloir
Et tu comprends à me relire
Ce que je veux ici te dire :
J’ai tant de plaisir à te voir.

Vienne le temps de nous revoir
-Si des deux chacun le désire-,
Je pourrai de nouveau t’écrire
Ce que j’écris déjà ce soir :
J’ai tant de plaisir à te voir.

                               ***

Une lettre énigmatique.




Là-bas, où ma voiture emmène la nuit
-Rapide on ne sait trop pourquoi-, une ville
Dont le nom à cause de vous me poursuit.
Ce soir-là, très chère, était-ce aussi futile ?

Qui sait ? Les amants sont toujours si sérieux…
L’ombre s’enivre de vent doux. Ah, la belle
Nuit d’été que voilà -fîmes-nous mieux ?-
Où la lune d’argent toise les ruelles,

De vous à moi bien plus, accessoire assez
Qu’un charmant écrin de province endormie.
Combien de nuits ont depuis sur le passé
Jeté ce voile aux plis duquel tout s’oublie ?

Bien sûr j’écris seul de souvenirs à deux…
Mais après tout ceci n’est pas une lettre
Et puis sans adresse, en dépit de mes vœux,
Le facteur ne saurait à qui la remettre.


                               ***