Histoire du Baron de Rocencroque.

(Carcassonne - Aude.)

Le vieux Baron de Rocencroque

Fut un paladin confirmé

Qu’on ne vit jamais désarmé

Auprès d’une bannière en loques.

Il combattit toute sa vie

Pour la veuve et pour l’orphelin,

Un peu contre les Sarrasins,

Jamais par haine ou par envie,

C’était un chevalier modèle

Et ces choses ne se font pas.

Il suivit dans tous les combats

Son Prince  en serviteur fidèle.

Il emporta pour lui trois villes

Dont il fit pendre incontinent

Cent hommes, bourgeois ou manants

Car moins aurait été futile.

Il fit brûler mille hérétiques

Qui n’avaient pas fait le bon choix

Car c’était un homme de foi

Qui n’aimait pas les lunatiques.

Bref le Baron de Rocencroque

Était à bon droit estimé

Et même, je le sais, aimé

Par son molosse nommé Broque.

Hélas -car la chanson est triste-

(Les tristes se vendent bien mieux)

Comme un chacun il devint vieux

Et trop pauvre il se fit trappiste.

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Mon ami Pierrot...

(Venise - Le Grand Canal vu du Rialto.)

Pierrot songeant à Colombine

Au clair de la lune d’un soir,

Se parlait d’amour sans espoir

Et faisait un peu grise mine…

« Curieuse chose que ma vie,

Pleine de ce rêve amoureux

Mais solitaire et désunie ;

Curieuse chose que ma vie.

C’est de vent que je l’ai remplie

Comme font tous les songes creux ;

Curieuse chose que ma vie,

Pleine de ce rêve amoureux. »

La lune un petit peu mutine

Répondit : « Mon ami Pierrot,

Dans ce que le sort nous destine

On peut passer de moins à trop… »

                               ***

"Conversation."

(Venise - Palais des Doges: détail.)

L’Ogre dit au Petit-Poucet :

« Mon cher dis-moi, si tu le sais,

Ce que nous faisons dans ces pages

Où l’auteur s’admire en habit. »

« Je n’en sais trop rien mais je gage

-Répondit ce grand personnage-

Que nous lui servons d’alibi. »

« Voyons, quelque soit le passage,

L’on entend parler que de lui !

En commençant son badinage

Je vois bien qu’il nous nomme et puis

Plus rien. Cela frise l’outrage ! »

« Il peut parler tant qu’il lui plaît

De lui, c’est nous qu’on reconnait. »

Certes ! D’ailleurs je m’y résigne,

Vous seuls avez quelque crédit

Dans les vers, pourtant mes amis,

A la fin c’est moi qui les signe…

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