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jeudi 1 août 2019

In memoriam.



(Strasbourg - Place de la République - Printemps 2019.)

Il y avait un très bel arbre
-Plus vieux, beaucoup plus vieux que moi-
Vaste, imposant, un géant et un roi ;
Mais rien n’est gravé dans le marbre :
Il est tombé, cela fait juste un mois.

Un mauvais soir, le grand vent et l’orage,
D’un seul coup l’ont déraciné.
Je reste là, bras ballants, étonné,
Et je revois son splendide feuillage,
Des jonquilles poussaient sous son ombrage…

Je l’ai connu , je n’étais qu’un enfant,
Son tronc d’abord, la couleur de son ombre,
-Car il était vêtu de pourpre sombre-
Sa taille énorme et son port triomphant
M’offraient un rêve et des questions sans nombre.

Puis je l’aimais adulte autant qu’adolescent,
J’allais pour une course au voisinage,
D’un pas plus lent, l’admirant au passage…
Le temps emporte tout, nul n’y consent
Mais c’est ainsi que l’on tourne une page.

                               ***

mercredi 16 janvier 2019

Chaude après-midi.




Dans ce mois d’août caniculaire
Se promener devient pesant,
Un peu de vent serait plaisant
Pour ne pas dire salutaire.
La cloche a sonné par trois fois
Sur le chemin d’entre les vignes ;
A l’horizon court une ligne
Sombre au sein de laquelle on voit
Soudain un éclair qui scintille ;
Avertissement ou broutille,
L’après-midi gronde au lointain.
Sur la route un oiseau sautille
En cherchant son maigre butin.
On ne sait quelle ombre le mène,
L’orage monte de la plaine,
Et si le vignoble se tait,
Déjà la colline prochaine
Dessous l’averse disparaît.
Les vignes alentour frémissent
Soudain à l’unisson ; la route,
Ruisselle au tourbillon des gouttes
Et l’on patauge avec délices
A travers mille ruisselets,
Un étrange plaisir au cœur,
Cinglé de pluie et de fraîcheur,
Trempé, boueux mais satisfait.

                               ***