(Saumur et la Loire.)
Où sont les courses vagabondes
A travers champs, bois et guérets ?
Quand j'imagine la forêt
Je sens une peine profonde.
De regrets ma mémoire gronde
En se souvenant de l’attrait
Des champs, des bois et des guérets ;
Où sont les courses vagabondes ?
Avant que l’aube au ciel se lève
J’allais par les bourgs endormis,
Droit vers un but toujours remis ;
L’air encor frais berçait mon rêve.
J’allais, ivre du paysage
Qu’inondait le soleil de juin,
Admirer était tout mon soin
Et j’admirais chaque village.
Alors, au long de mon errance,
J’ai connu plus d’un bel endroit,
Ce soir le ciel tissé d’orfroi
Me rappelle mon espérance.
Mais la route n’est plus pour moi,
Je ne puis revivre cet âge
D’amours, de vent, de paysages
A l’horizon de mes émois.
Elle doit bien être grand-mère,
La belle que j’aimais alors
Et que demeure-t-il encor
De certains chemins de naguère ?
Presque illisible un écriteau,
Quelques herbes, de la poussière,
Près des ruines d’une chaumière,
Au lieu du bois, un boqueteau…
Tout alentour une clôture,
Une barrière, un barbelé ;
Mon horizon s’est envolé
Loin de ces treillis qui l’emmurent.
Il a rejoint dedans mon cœur
Tout l’autrefois de mes images,
La liberté de tant de pages,
Ce qui me reste de douceur.
Où sont les courses vagabondes
A travers champs, bois et guérets ?
Quand j'imagine la forêt
Je sens une peine profonde.
De regrets ma mémoire gronde
En se souvenant de l’attrait
Des champs, des bois et des guérets ;
Où sont les courses vagabondes ?
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