Affichage des articles dont le libellé est rêveur. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est rêveur. Afficher tous les articles

mardi 7 avril 2020

Rêveur impénitent.



(Chambord- Le pont sur le Cosson  - Loir et Cher.)

Rêveur impénitent au bord d’une rivière
Qui jamais ne s’arrête et qu’on nomme le temps,
Admirant une feuille, contemplant une pierre,
Ma joie se renouvelle et croît à chaque instant.

Nul ne m’enlèvera la naïve innocence,
Le goût de découvrir avec l’étonnement,
Le bonheur de rêver non plus que l’espérance,
Ni le plaisir sans prix de vivre ouvertement.

Benoît admirateur d’une ombre sur le sable,
Des embruns dans le vent, d’un reflet sur l’étang,
Je vais à ma façon, je reste insaisissable
Et je terminerai rêveur impénitent.

                               ***    
   

mardi 22 octobre 2019

Les noces du rêveur et ce qui arriva.




J’ai tout au fond du cœur,
J’ai tout au fond de la mémoire
La silhouette d’un rêveur
Et voici son histoire,
Écoute !

Où qu’il passât
Ce rêveur là
Rêvait de fonder un foyer,
Il prit donc femme mais croyez
Que ce ne fut pas là une excellente idée.
Pensez-y bien, un rêveur, s’attarder
Au même endroit pour plus d’une journée ?!
Sans doute elle était belle,
Sans doute il était bon,
Et l’une était fidèle
Et l’autre vagabond…
C’est pourquoi il eut beau rêver
Chaque jour vit l’orage se lever.
Et lorsqu’il eut compris, mais une fois pour toutes,
Mais cette fois vraiment,
Qu’il s’était bien trompé et lourdement,
Il jeta sur l’appartement
Un regard empreint de tristesse
Et chaque chose familière
Eut droit à la caresse
D’un souvenir mi-parti d’ombre et de lumière
Puis il ouvrit la porte et s’en alla,
Guère plus las,
Pour reprendre la route
Où il rêve encore sans doute.

                               ***       

mardi 16 octobre 2018

Le rempart.




J’ai déposé tous mes soucis
Devant une pile d’ouvrages
Qui fournissent à mon esprit
Le puissant rempart de leurs pages.

A peine fait le premier pas,
Voici que je passe la porte,
Et Cyrano m’ouvre les bras.
Déjà le second pas m’emporte

Au fond de Brocéliande où vînt,
Antan, combattre à la fontaine
De Barenton[1] le preux Yvain.
Au pas suivant je bouge à peine.

Le roi Gradlon[2] devant la mer
Écoute une cloche engloutie
Et son souvenir est amer.
Au prochain pas je m’expatrie. 

Au pied d’un rocher sur le Rhin,
La nuit, il chante une sorcière[3],
Qui fait se perdre les marins.
Au cinquième, une autre frontière.

Le doge aveugle[4] est devant moi
Sous les murs de Constantinople
Chevaliers que fait donc la croix
Sur fond d’azur, de gueules, de sinople[5] ?

A chaque page un nouveau pas
Sur ce long chemin qui sinue,
Hier et demain n’existent pas,
Je ne suis qu’une ombre ténue.

Je vous échange l’univers
Contre ce royaume de lettres,
Je m’y enfonce et je m’y perds
Aussi loin qu’il voudra permettre.

                               ***


[1] Dans le cycle de légendes qu’on appelle « la matière de Bretagne », le chevalier Yvain cousin du légendaire roi Arthur combat et vainc le chevalier Noir qui garde la fontaine de Barenton dans la forêt de Brocéliande
[2] Dahut, fille du roi Gradlon, refuse de se convertir comme lui au catholicisme. Son paganisme causera la perte de la ville d’Ys, recouverte par les flots de la mer et dont certains soirs on peut entendre, dit-on, sonner les cloches englouties.
[3] Il s’agit de la Lorelei qui provoquait le naufrage des mariniers qu’elle captivait par son chant merveilleux dans un passage dangereux de ce fleuve.
[4] Enrico Dandolo (1107-1205), doge de Venise, à l’origine du détournement de la IVe croisade sur Constantinople qu’elle prit et pilla.
[5] Azur, gueules, sinople sont des termes désignant des couleurs en héraldique, il s’agit ici, respectivement, du bleu, du rouge et du vert.