Pierrot.

I.

Au noir le plus profond des nuits

Pierrot allume une chandelle

Et son bougeoir de cuivre luit

Au noir le plus profond des nuits.

Pierrot reprend sa plume et puis

Ecrit un chant qui parle d’elle

Au noir le plus profond des nuits,

A la clarté de sa chandelle…

II.

La lune manque et c’est tant pis,

Colombine est toujours plus belle,

Fantôme en son ombre tapi ;

La lune manque et c’est tant pis.

L’amour sait jouer du dépit,

C’est en vain que Pierrot l’appelle,

La lune manque et c’est tant pis,

Colombine est toujours plus belle.

                               ***

En gris et bleu.

Le crépuscule est gris et bleu,

Gris c’est la couleur de la cendre,

Bleu c’est la tendresse et l’aveu ;

Le crépuscule est gris et bleu.

Le poète fait ce qu’il peut,

Rien de plus à en attendre,

Laissons l’amant, cela m’émeut.

Il faut aimer pour se dépendre

Et le savoir ce n’est qu’un vœu ;

Le crépuscule est gris et bleu,

Gris c’est la couleur de la cendre.

                               ***

Les Cahiers d'Autrefois - Dans la forêt.

De l’ombre des forêts

Où courent mes pensées

Mes amours délaissées

S’écartent à regret.

Ainsi fuit la jeunesse,

Ainsi meurent les jours,

S’allongent les détours,

Se défont les promesses.

Il y eut un matin,

Dans l’aube, une espérance,

Le chemin et l’errance,

L’attente et puis la fin.

Mais la forêt s’en moque

Qui chante autour de moi

Et sourit sans émoi

A tout ce que j’évoque.

Ainsi passe le temps,

Ainsi meurt le feuillage

Et, n’en déplaise aux sages,

Changent les inconstants.

                               ***