vendredi 24 février 2017

L'Emerveillement.



(Château de Chambord.)


Qui me rendra l’iris et la rose trémière,
La paix mais cette paix d’alors
Qui pourrait s’écrire « lumière » ;
Qui me rendra l’iris et la rose trémière ?

Ce que nulle sagesse à la fin ne conquière,
Cet émerveillement si fort
Qu’il dépasse toute prière
Et tout bonheur jusqu’à la mort ;

Qui me rendra l’iris et la rose trémière,
La paix mais cette paix d’alors ?

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jeudi 23 février 2017

Le Vent et les Chats de Gouttière.





Le vent hurle au bord des gouttières,
Des cheminées et des pignons,
Au moins depuis une heure entière
Le vent hurle au bord des gouttières.

Il n’y a pourtant pas matière
A tant de gros mots et jurons ;
Le vent hurle au bord des gouttières,
Des cheminées et des pignons.

Qu’il ait des mauvaises manières
Les chats s’en moquent bien au fond,
Je parle des chats de gouttière,
De cheminées ou de pignons.

Pourquoi feraient-ils marche arrière ?
Ils s’en viennent comme ils s’en vont,
Dans la nuit où tout se confond 
Le vent hurle au bord des gouttières.

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mercredi 22 février 2017

Le Va et Vient.





Je regarde un ciel de nuages
Un soir de l’hiver finissant ;
C’est l’heure où chacun se pressant
Rentre chez lui tourner la page
D’un jour de soucis quotidiens.
Dans le déclin de la lumière
Et pendant toute une heure entière
Je contemple ce va et vient.
J’ai l’impression qu’il en émane
Quelque chose de rassurant,
Peut-être un rituel garant
D’un ordre paisible et profane
Où hier peut parler pour demain.
Le jour s’achève et se consume,
Partout des fenêtres s’allument ;
Le flot des passants cesse enfin.
Le calme ne fait aucun doute
Pour moi qui compose des vers
Ce soir de la fin de l’hiver
Mais tant de choses sont en route,
Qui sait, hors de mon univers,
Ce qu’à d’autres cet instant coûte…

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mardi 21 février 2017

Vocabulaire.



(Château de Chambord.)


Je sais des mots amers, je sais des mots de plomb
Et des étés pluvieux et des hivers trop longs,
Je sais des mots heureux, je sais des mots sourire,
Des automnes de feu, des printemps de zéphires,
Des larmes d’un instant, des chagrins éternels,
Je sais des mots nouveaux, des mots conventionnels,
Des amours à jamais, des passions éphémères
Et puis quatre saisons, les quatre passagères.
Je sais bien des discours, je sais bien des chansons,
Des poèmes anciens, d’autres à ma façon,
Je sais des mots de haine ou bien de courtoisie,
D’autres de pacotille ou bien de fantaisie,
Je sais des mots de tout, j’en sais même d’un rien
Et celui qui me fuit et celui qui me vient,
Je sais des mots subtils, d’autres tout d’une pièce
Et des mots renfrognés et des mots de liesse ;
Je les ai tous comptés, il n’en manquerait qu’un
Et je ne le veux pas : c’est le mot de la fin.

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lundi 20 février 2017

Paradoxes.



(Château de Chenonceaux.)


Les hommes sont ainsi, rêveurs impénitents,
Bravaches, inconstants et bavards tout autant.
Tout désir est un piège et toute amour est folle,
Le hasard et surtout la raison me désolent.

Il est toujours du faux en toute vérité,
De l’asservissement en toute liberté,
De la légèreté dedans toute infortune ;
De la fidélité dans nos amours ? Aucune.

Il est bien du modeste en toute vanité,
Ainsi qu’il est du sage en toute insanité,
Cependant dans la paix il n’est point de colère,
Rien de grand dans la mort, rien de beau dans la guerre,

Rien de juste non plus dans le cours du destin,
Rien de stable, jamais, dans tout ce qu’on atteint,
Quelque pomme qu’on croque elle est toujours amère ;
Les hommes sont ainsi mais ils sont éphémères.

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