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dimanche 3 juin 2018

La bibliothèque du château.




Éclat d’or fauve et débonnaire,
Le reflet du soleil couchant
Sur des reliures centenaires,
Aussi paisible qu’un plain-chant
Dans l’ombre des voûtes romanes…
A l’écart d’un monde étranger,
Un instant dont la paix émane
Et qu’on aimerait prolonger.
Le crépuscule se propage
Et lent, et doux, et rassurant,
Au dos fleuronné des ouvrages
Dont l’ombre caresse les rangs.
Le piaillement des hirondelles
Mène sa ronde autour des toits,
Il monte une lune nouvelle
Par-dessus la cime des bois,
Et dans la grande bibliothèque
La nuit commence de voiler
Les rayons et la frise grecque
Sous le haut plafond ciselé
D’amours en stuc et de feuillages;
Dans un fauteuil à haut dossier
La main s’arrête sur la page
Où s’estompent pleins et déliés.

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mercredi 8 mars 2017

L'Ecrivain Public.






Trois sous pour quelques mots, ne les valent-ils pas ?
Ecrire n’est pas rien, si vous saviez ce qu’il en coûte !
Un écrivain public ne gagne pas sa croûte
En usant de grands mots comme « âme » ou comme « appas »
Que ne comprendrait pas la coquine ou la belle
A qui son amoureux veut envoyer des vers.
Ni bergère à rubans, ni gente demoiselle :
Où « mon Amour » suffit, « Phyllis » va de travers.
« Ma Biche », « mon Aimée » et même « ma Colombe »
Ne sont pas démodés, « mon Cœur » se porte bien,
« Je ne pense qu’à toi »… Oui, je sais, il m’incombe
De mentir quelquefois mais on ne ferait rien
De bon ou tout du moins qui vaille qu’on l’achète
Si l’on n’enjolivait en ce domaine là !
« Berthe, viens dans mon lit », même avec un en-tête
Et sur papier glacé, tombe toujours à plat.
J’habille le désir, je vends de la tendresse,
De la fidélité, je sais ce qu’elle vaut,
Tant pis, ce n’est pas moi qui signe la promesse,
J’écrirais tout, pourvu qu’on paye ce qu’il faut ;
Est-ce moi dans le fond qui suis le malhonnête ?!
Je ne suis qu’un marchand de rêve ou bien d’appâts;
Trois sous pour quelques mots, ne les valent-ils pas
Puisqu’ils sont malgré tout les mots d’un vrai poète ?

                               ***

lundi 6 juin 2016

1788 (II).







Ici c’est encore le calme et le silence
Mais l’étude n’est plus, il s’en faut, sans soucis.
Dehors un vent mauvais tourbillonne et s’élance,
Une rumeur grandit, prémices de violences,                                   
Un destin fait d’excès, d’ombre, d’erreurs aussi ;
C’est encore la calme et le silence ici.

Des tomes oubliés ouvrent les vieilles pages
D’une ode désuète, d’un sonnet dépassé,
Murmures harmonieux des amours d’un autre âge,
Et pourtant – regardez ! -, ni plus fous, ni plus sages…
Un parfum de papier que le temps a chassé
Sur des rayons lointains de poussière embrassés.

Ici le temps n’est plus à de vains bavardages,
Ma plume, hâtons-nous, l’époque a rétréci,
Les jours nous sont comptés, voici venir l’orage
Où l’amoureux des vers est un vain personnage
Et le gardien des mots, un songe-creux ranci ;
Hâtons-nous donc, ma plume et poursuivons ainsi,
Achevons le travail comme ces vers ici.

                               ***