mardi 11 octobre 2016

Parfum de Rose.






Dans cette longue nuit de mon appartement
C’est un parfum de fleur qui flotte doucement ;
Le parfum d’une rose, une rose d’automne,
Une rose à l’ancienne à qui cette nuit donne
Un parfum symbolique au goût d’éternité
Plus qu’en mille jardins fleuris un soir d’été
La forêt des rosiers aux branches décorées.
Quintessence de rose en sa réalité
De charme, de douceur et de calme beauté,
Poème familier, reflet d’un crépuscule,
Promesses d’autrefois… Est-ce si ridicule
Qu’un parfum vagabond m’évoque tout cela
Quand le froid pénombreux de cet automne las
Rend, à minuit passé, la ville encor plus noire
Et plus présent au cœur ce que dit la mémoire ?

                               ***

L'omnibus du XVIè.



(Château de Chenonceau.)



L’omnibus des siècles s’arrête
Début seizième et l’on descend ;
L’accueil du comité des fêtes
Inexistant est indécent.

La route est un chemin d’ornières ;
Pourquoi n’ai-je pas de cheval ?
Ni de pourpoint, ni de rapière ?
La fraise ne m’irait pas mal…

Où puis-je rencontrer Jodelle,
Baïf, Ronsard ou Du Bellay ?
Alentour fleurit l’asphodèle ;
Le bus de retour est complet.

Peut-être qu’au château d’Amboise
J’apercevrai le roi François,
Marot à qui l’on cherche noise
Suit Marguerite de Valois.

Après Marot à qui pensé-je ?
Après François sont deux Henri…
Peletier, Sébillet,-que sais-je ? -
Mais Dorat doit-être à Paris.

Il me semble que je m’embrouille,
-  Des rois et des poètes tant ? -
C’est le risque lorsqu’on vadrouille
Trop souvent de temps en temps.

                               ***                      

lundi 10 octobre 2016

Un Mot.



(Eglise de Saint-Amand de Coly - Dordogne.)


Ne me donnez  qu’un mot, mais un mot inconnu
Dont je puisse jouer comme on fait de cymbales
Ou comme un chien ferait en poursuivant sa balle,
Un mot né du silence et jamais retenu.

Ne me donnez  qu’un mot, fut-il sans importance
Et j’en bâtirai plusieurs stances,
J’inventerai pour lui des poèmes nouveaux
Et plus d’un rythme étrange et beau.

Ne me donnez  qu’un mot, sonorité nouvelle
Dont nul écho ne se rappelle,
Un seul mot forcément étrange et créateur,
N’ayant pas connu d’autre auteur.

Ne me donnez  qu’un mot, dont on fera mémoire
Pour la première fois au milieu de mes lignes,
Pour mon plus grand plaisir, pour sa plus grande gloire,
Un mot comme témoin et témoignage insigne,

Un mot de renouveau ;
Ne me donnez qu’un mot !

                               ***         

dimanche 9 octobre 2016

Chanson d'Autrefois.





  


Le ciel est gris et l’an s’avance,
Chaque jour est moins avenant,
Tire plus tôt sa révérence,
Toujours plus froid en revenant,
Toujours plus triste en terminant.

Les bois que plus rien n’ensoleille
Disent assez quelle saison
Derrière celle-ci s’éveille
Et ce qui monte à l’horizon
De froid et de neige à foison.

Notre chemin se clôt, ma Douce,
Et comme lui, notre entretien,
Dessous le givre un lit de mousse
De nous, peut-être, se souvient ;
De tout le reste il n’est plus rien,
Pauvre déduit, pauvre chevance
Pour le grand amour qui nous tient ;
Le ciel est gris et l’an s’avance.

                               ***

Octobre.






Au coin d’une porte-fenêtre
Je surveille le va-et-vient
Des jours, des saisons et des êtres
Entrevus qui ne me sont rien,
Gris, comme sont gris les nuages
De cette fin d’après-midi
Où l’Automne dicte à mes pages
Les mêmes mots dits et redits.

Ce sont les heures familières
Et les stances du toujours-là
Comme on répète une prière,
Comme un sourire sans éclat ;
Avec des mots en demi-teintes
Le bel Octobre que voilà
En ses après-midis éteintes
Dont les rimes tombent à plat…

Tant qu’il fait jour, en bas, la vie
Passe comme passent toujours
La force, la joie et l’envie ;
Côté façade et côté cour
C’est une même litanie
Qu’un aveugle écrit pour un sourd.

                               ***