Les pentes que la nuit ravinent
Cachent la croix d’un cimetière
Où dorment des ombres divines
Et des courtisanes altières.
Dans l’air du soir si doux encor
Où tremblent nacres et draps d’or,
Surtout restez muets, craignez
l’écho
D’un carillon qui sonne faux
Aux contrevents de pierre grise
Gravés de lichens et de mousse
Du clocher lointain d’une église
Où l’horizon s’use et s’émousse.
Là-bas sommeillent les taillis
Et les sillons et les sentiers
Et la patience d’un pays
Où nul soupir n’est oublié.
Là-bas où je vous vis en robe
D’ombre, d’aube ou de crépuscule
Aux heures autrefois si probes…
Combien l’amour est ridicule
Quand on le compare au destin.
De la cloche du soir à celle du
matin
Dorment les vierges de satin
Et les saintes et les catins !
***