mercredi 16 novembre 2016

L'Heure d'Hiver.






Le soir tombe à quatre heures trente
Et je vais fermer les volets,
Pauvre jour dont on se contente ;
Le soir tombe à quatre heures trente.

C’est l’ombre grise et l’heure absente,
La ville et le monde sont laids ;
Le soir tombe à quatre heures trente
Et je vais fermer les volets.

                               ***

mardi 15 novembre 2016

Grisaille.






Douce froidure grise
D’automnes citadins
Semblable à la douceur
Des froids matins d’église
Dont les notes sont sœurs
De leurs grisailles indécises
- En quel regret adamantin ? -,

Trottoirs pavés de feuilles mortes
Où l’asphalte humide entreluit
- Teintes de toutes sortes
Sur fond de nuit -,
Carrefour ballet d’essuie-glaces
Dans les voitures spectateurs,
Et la lumière lasse
Comme celui qui meurt...

Ce n’est rien d’autre qu’un matin
Et, comme il est de mise,
La douce froideur grise
De ces automnes citadins.

                               ***

Petite Musique de Nuit.




Petite musique de nuit
Pour bercer l’angoisse et la veille,
Aigre couplet de mes ennuis
Dont chaque note fait merveille
Pour accompagner mes soucis,
Petite musique têtue
Qui sans fin déambule ici,
Ligne mélodique ténue,
Accord tristement obstiné
Contrepoint de ma nostalgie,
Refrain jamais abandonné
De ma vieille mélancolie,
Je pourrais t’inventer par cœur,
Sans me tromper, note après note,
Moi le public et moi l’auteur
A l’attention lasse et dévote.

                               ***

vendredi 11 novembre 2016

Ombres d'Hiver.






Milieu d’après-midi très sombre,
On s’achemine vers l’hiver,
Les jours passent comme des ombres
Qui ne parlent qu’à mots couverts.

Au carrefour, une ambulance,
Novembre est proche de sa fin ;
Ce qui finit, ce qui commence
Et nous restons sur notre faim…

Les feux rouges se réfléchissent
De loin en loin sur les trottoirs
Humides où lentement flétrissent
Les feuilles en robe du soir.

Comme il est court ce crépuscule
Dont, sous mon regard de passant,
Les derniers reflets se bousculent
Le long des quais en s’effaçant.

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Tant de Temps.






Sur la grand-place, un grand sapin,
Voici venir le temps des fêtes,
Temps des fêtes, temps des festins,
Tant de mendiants qui partout quêtent,
Temps de prière ou non, tant pis,
Qu’on pourrait écrire « temps pie »,
Temps de réflexion dans la vie,
Tant d’espérance et de dépit !
L’or mis à part, temps de partage
Et, certes, de tentations tant
Que certains payeront comptant
Quand tant n’en ont que l’étalage.
Temps de flocons et temps de pluie,
Temps mort dessous un ciel de suie,
Peut-être m’en direz-vous tant,
Parlez mes bons amis ; j’attends.

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mercredi 9 novembre 2016

Nouvelle Chansonnette.






Osons, tant qu’on le peut encor,
Composer une chansonnette
Et conjurons le mauvais sort
En nous murmurant des sornettes…

Trois grains de raisin desséchés
Sous l’or d’une feuille de vigne
Qui sert à cacher le péché
Ou bien peut-être le désigne.

Un matin gris, un ciel d’argent
Qui ne rendra personne riche ;
Qu’imaginent donc tous ces gens ?
La Fortune et les dieux sont chiches.

Et puis un sentier qui se perd
Vers quelque fable trop lointaine
Dont plus un seul mot ne nous sert,
D’ailleurs on les comprend à peine !

Une pomme tombée au sol
Et par moitié rouge et pourrie ;
Voyez danser leur dernier vol
Aux feuilles que le vent charrie.

Beauté des fleurs du souvenir,
Gaieté des tombes de Novembre,
Ma chanson nait, pour s’y tenir,
Couleur de feuille morte et d’ambre.

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