Le Temps
Passe. - Et D’Autres Vers.
Aux jours
d’antan que j’étais libre
Je pouvais
vaguer à mon gré
Des bords du
Rhin à ceux du Tibre
Pour me
distraire et admirer.
Et
maintenant que puis-je encore
Hormis me le
remémorer
Lorsque la
peine me dévore ?
J’entends
certains soirs mordorés
Dire au fond
de leur crépuscule
Des vers
scintillants et nacrés
Qui rendent
les miens ridicules.
Je sais au
bord des horizons
Les mots que
compose l’aurore…
Je voudrais
les entendre encore
Au hasard
des quatre saisons.
***
Le Temps
Passe – Suite – Regrets.
Hélas
« ancien » ne suis,
« Moderne »
je ne puis,
Entre les
deux, hybride,
Peut-être
creux ou vide
Mais non le
faux-semblant,
Pastiche
désolant
D’une œuvre
de génie
Qu’un
médiocre copie.
Hélas,
« ancien » ne suis
N’en ayant
la mesure,
Ni non plus
« d’aujourd’hui »,
N’aimant les
sinécures
Que la
chienlit conduit
Où chacun se
rassure
D’autant
plus que sa nuit
Se trouve
plus obscure ;
Non, quelle
triste allure !
Moderne je
ne puis.
Ni palais,
ni masure,
Le reste s’en
déduit,
Qu’on me
laisse conclure :
Je suis ce
que je suis.
***
Le Temps
Passe – Suite - Promenade.
Je me
promène avec mes souvenirs
Sur ces
pavés qui vont au crépuscule,
D’abord
brillants, lentement se ternir ;
Ma nostalgie
est un peu ridicule.
Sans doute,
je la flatte, j’en conviens,
N’est-elle
pas un peu « de ma famille » ?
Mais c’est à
tort, tout ce que j’en retiens
C’est une
collection de peccadilles
Dont le
meilleur auteur ne ferait rien,
Pas même
bonne à quelque litanie,
Bref, un
défaut et dont je sais trop bien
Ce qu’il a
pu m’en coûter d’avanies.
Et les
reflets s’en vont au fil de l’eau,
Coin de ciel
pâle où dort l’ombre des pierres,
Monde
immobile, un instant sans défauts,
Ocre des
toits et fleurs des jardinières…
Trois pas
sur les pavés bossus
Où flânent
près de moi d’autres septembres,
Certains
heureux et quelques uns déçus,
En camaïeu
de roses ou bien d’ambre,
Ma nostalgie
en camaïeu de gris,
Au fil de l’eau
que le couchant ouvrage
Sur les
canaux que les passants surpris,
Tout
alentour admirent au passage.
***