vendredi 17 mars 2017

Bref.





Telle est la jouissance :
L’art infini du bref,
Plaisir par son essence ;
Telle est la jouissance.

Ô discours, impuissance
Qu’on prône derechef,
Telle est la jouissance :
L’art infini du bref.

                               ***

mardi 14 mars 2017

Un Rêve Familier.



(Jardins du Château de Villandry.)


J’ai ma maison là-bas, aux rives de la Loire,
Pour le plaisir des lieux et le fait de mémoire,
Pour la rose trémière aux allées du jardin,
Pour le vent murmurant aux souvenirs enclin.

Dessous les peupliers, au fil du paysage,
J’aime, sur l’horizon, regarder les nuages,
Compter le temps qui passe à l’aune de l’enfui
Et me distraire enfin de tout ce que je puis.

J’admire en souriant l’or des héliotropes
Et les mille couleurs dont le soir enveloppe
Le massif des glaïeuls, pourvoyeur des bouquets
Qui, hier comme aujourd’hui, trônent sur mon buffet.

La maison, j’en suis sûr, se teint d’une ombre chaude,
L’escalier s’obscurcit où déjà la nuit rôde
Mais ma chambre au couchant célèbre encor le jour
Et le salon douillet n’attend que mon retour.

Restons un petit peu, ne rentrons pas de suite,
C’est le meilleur moment ; la chaleur éconduite,
Laisse monter du sol une verte fraîcheur
Où le feuillage sombre exhale ses senteurs.

Calme des jours passés, douceur du crépuscule,
Le silence s’installe, au loin la Loire ondule
Et ses bords lentement commencent de ternir ;
Le plus beau de l’été reste encore à venir.

La nuit proche promet à son tour des merveilles,
Au ras de l’horizon l’étoile du berger
Commence à scintiller ; passe un souffle léger
Comme un songe oublié…
                                                    Et moi je me réveille.


                               *** 

lundi 13 mars 2017

Voyage.





Au matin d’un jour de voyage
Le monde est encore à créer,
La vie est un vaisseau grée
D’enthousiasme plus ou moins sage

Et si la mer est incertaine,
Le capitaine est sûr de lui,
Dût-il sans fin, et jour et nuit,
Peiner pour une course vaine.

Toute aube est pleine de promesses
Car l’aube dit la liberté
Et combien d’espoirs chuchotés
Qui s’y lèvent ou qui s’y pressent ?

Il est temps de plier bagage,
La course aura toujours sa part
D’étonnement et de hasard 
Où va s’écrire une autre page.

                               ***

dimanche 12 mars 2017

La Route des Bois.





En avançant sur cette route
Tu n’étais pas auprès de moi ;
Je me suis arrêté trois fois
Avant la forêt de mes doutes :
Trois arrêts pour faire mon choix.
Au tout premier,  tourné vers l’ombre,
J’ai tout d’abord pensé à toi,
Au second - la nuit est bien sombre –
Je me suis demandé « pourquoi ? »
Au troisième était une tombe
Et j’ai pris la route des bois.

                               ***

samedi 11 mars 2017

Le Cycle des Amours Déçues - II - Le Délaissé.



(Château de Chantilly.)


C’est l’essor d’une robe blanche
Au milieu d’une nuit d’été,
Tous les jours se faisaient dimanche
Et nous nous aimions sans compter.

L’amour connaît des nuits de peine
Et des jours gris de déception
Mais nos amours glissaient sereines
Au fleuve de nos illusions.

L’avenir était certitude
A dépasser tous les présents,
Nous le crûmes sans plus d’étude
Et notre espoir dura longtemps.

J’entrevois encore un sourire
Sur le fond d’une nuit d’été
Et cette attente qui soupire
Au seuil du jardin déserté.

                        ***

vendredi 10 mars 2017

Il Pleut.




Il pleut
Et dans ces mots « il pleut »
Il y a mille choses :
Des toits luisants, un peu,
Et des rosiers sans roses
Dans les jardins brouillés
Où le printemps s’annonce,
Des trottoirs ennuyés
Et la chanson absconse
Qui court les caniveaux ;
Une place déserte,
Un vent doux mais pas trop,
Deux ou trois feuilles vertes.

Il pleut
Et dans ces mots l’on trouve
Ce désir de ciel bleu
Que tout le monde éprouve
Et un square boueux
Mais dont l’herbe est plus verte,
Beaucoup d’immeubles gris,
Pas de fenêtre ouverte,
Ou j’en serais surpris,
Deux ou trois primevères
Au rebord d’un balcon.
Le flot chargé de terre
Qui s’enfuit sous un pont…

Il pleut
Et cela signifie
Un après-midi lent
Et calme où l’on s’ennuie
Crépusculairement,
Deux ou trois pas confiés
Au noir d’un parapluie
Et des habits mouillés
Dessous un ciel de suie.

Il pleut
Et cela laisse entendre
Reflets et flaques d’eau,
Cieux de plomb ou de cendres,
Corneilles ou corbeaux,
Péniches esseulées
Au fond d’un soir fumeux
Et routes désolées
A l’horizon brumeux.

Il pleut.

                               ***