mercredi 27 avril 2016

Menace.






Le jour aussi bien que la nuit,
Dans la parole ou le silence,
Le souvenir, l’action, l’ennui :
La même horreur, la même absence.

L’anxiété rôde en chaque pièce
Où s’éveillent les jours d’antan,
Poussière d’une ancienne liesse
Et tendresse d’un autre temps.

Partout plane cette menace
Où tout ce que je fus a part :
Un fantôme que rien ne lasse
Et qui répète : « il est trop tard ! »

Mes pas qui se perdent sans fin
Dans l’ombre hostile et familière
Des meubles d’un décor défunt
Rythment d’inutiles prières.

Le jour aussi bien que la nuit,
Dans la parole ou le silence,
Ce que j’ai fait, ce que je suis,
Ce qui me poursuit et  m’offense,
Et me repousse et me conduit
Et me cause une peur immense.

                  ***

lundi 25 avril 2016

Au Fil de l'Eau.






Bribes d’ailleurs, bribes d’antan,
Cet autrefois de la mémoire
Dont ce soir je vais souffrir tant,
Mon temps ressemble au fleuve Loire
Entre ses bancs de sable blanc
Et la broussaille de ses îles,
Toujours rapide et toujours lent
En ses méandres inutiles ;
Glissez, fuyez au fil de l’eau,
Jours de malheur, jours de liesse,
Fuyez, glissez comme ces mots
Sur la feuille que je rapièce.
     
                 ***


lundi 28 mars 2016

Mon Soleil.



Musée de l’œuvre Notre-Dame - Strasbourg.



Mon soleil est près du couchant
Et sa lumière diminue
Mais si sa chaleur s’atténue
Elle suffit,  en s’approchant,
A réchauffer les cœurs perdus
Que réunit la même errance
Et qui connaissent la souffrance
De n’être jamais entendus.

Est-ce Râ, le soleil de Thèbes ?
Est-ce Phoebus, est-ce Apollon ?
Demain son char, ses étalons
Iront se noyer dans l’Erèbe ;
Profite donc quand tu le peux
Car le temps fuit à tire d’aile,
Nul soleil sur les asphodèles
Dans le jardin des bienheureux.

                 ***
 

En Attendant le Train.





Un thé près d’une gare dans Paris,
Un jour tout en demi-teintes de gris.
Dehors de l’autre côté de la vitre
Passent les gens d’un film sans titre,
Des visages à qui jeter soudain,
Sans espoir, un coup d’œil sans lendemain,
Leurs vies et leurs destins que j’imagine,
Fresque du temps qui sans fin se dessine
Qui se reprend et qui s’efface enfin
Dans cette vie au-delà de la vitre
A travers laquelle, en attendant mon train
Je vois le ciel et le reflet d’un pitre.

                       ***

mercredi 16 mars 2016

Une Nuit à Rêver.






Une nuit douce,
Il en est quelquefois,
Une nuit à rêver
De grands champs égarés
Sous une lune rousse,
De villages tranquilles,
D’étoiles scintillantes
Sur l’arête des toits,
Une nuit si profonde,
Sombre et si envoûtante
Qu’on ne voudrait pour rien au monde
Dormir enfin.

               ***