Le jour aussi bien que la nuit,
Dans la parole ou le silence,
Le souvenir, l’action, l’ennui :
La même horreur, la même absence.
L’anxiété rôde en chaque pièce
Où s’éveillent les jours d’antan,
Poussière d’une ancienne liesse
Et tendresse d’un autre temps.
Partout plane cette menace
Où tout ce que je fus a part :
Un fantôme que rien ne lasse
Et qui répète : « il est trop tard ! »
Mes pas qui se perdent sans fin
Dans l’ombre hostile et familière
Des meubles d’un décor défunt
Rythment d’inutiles prières.
Le jour aussi bien que la nuit,
Dans la parole ou le silence,
Ce que j’ai fait, ce que je suis,
Ce qui me poursuit et m’offense,
Et me repousse et me conduit
Et me cause une peur immense.
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