dimanche 4 septembre 2016

Trois Marches.






Un Automne de feuilles mortes
Sur trois marches de gré,
La brume qu’un matin emporte
Et le froid de bon gré…

Ces trois marches là vous amènent
Au jardin déserté
Où l’aurore qui vous entraîne
Se souvient de l’été.

Au pied des arbres sans feuillage
Il n’y a plus de fleurs,
L’Hiver s’en va tourner la page,
Le gris est sa couleur.

Ce gris des bordures de pierre
Ce gris de l’univers
Et des dalles des cimetières
Silencieux et déserts.

Sur les degrés de feuilles mortes
S’attardent un brouillard
Et ces ombres de toutes sortes,
Comme de blancs vieillards

Qu’au bras des heures envolées,
Mélancoliquement,
Matin et soir, dans les allées
On voit passer si lents.

                               ***                      

vendredi 2 septembre 2016

Aujourd'hui (le Jardin des Absentes).






Il manque l’odeur des jardins couverts de roses
Lorsque le soir venu, paisible, on les arrose,
Parfum de l’herbe humide, arrière-goût de foin,
Septembre a commencé, l’automne n’est pas loin ;
Il manque à cette fin d’après-midi vermeille
Le translucide éclat des dernières groseilles,
La matité violette, en fruits éparpillés
Sous le feuillage vert, de quelque vieux prunier ;
Tout au bout d’un jardin dont l’herbe sèche est rase,
Il manque à l’horizon un couchant de topaze,
Le bleu-gris ou le blanc de l’arbre à papillons,
Le bouquet des dahlias safran et vermillon ;
Au pied de la maison il manque l’ombre lente
Des étés insouciants, et puis, et puis l’absente
A qui je pourrais bien inventer plus d’un nom,
Hélas, le temps me manque et à quoi bon ?

                               ***       

jeudi 1 septembre 2016

Pétrarque: sur la Mort de Laure. CCLXXVI du Canzoniere.






D’après la traduction du « Canzoniere » de Pétrarque. Poésie/Gallimard. 1983. P. 216.


Dans la douleur violente et l’horreur ténébreuse
Où cet ange serein, en partant,  m’a laissé
Je tente en composant ces lignes de lasser
Mon sombre désespoir et ma peine amoureuse.

C’est la juste affliction d’une âme malheureuse
Qui m’amène à me plaindre ; Amour tu sais assez
De quel fardeau mon cœur se retrouve oppressé
Et quel remède c’est aux heures rigoureuses.

Ô Mort,  tu m’as ravi mon unique secours,
Ô Terre bienheureuse,  et cela pour toujours,
En le couvrant, de contempler son beau visage !

Et pourquoi dois-je, ô Mort, ici-bas demeurer,
Aveugle inconsolé que l’éclat sans partage
D’un regard amoureux ne vient plus éclairer ?

                               ***                                       

mercredi 31 août 2016

Rondeau.






Rondeau de la pluie enchantée
Qui tombe sur le bois d’amour,
Un été d’heures décomptées
Avant la naissance du jour
Dans l’odeur des feuilles mouillées ;

Me donnerez-vous un baiser
Au jour naissant d’aube ennuyée ?
Si je l’espère il faut l’oser.
Rondeau de la pluie enchantée.

Amour d’espérance accointée              (1)    
Qui savez prendre pour atour                                 
La feuille aux perles de rosée,
L’été ne dure pas toujours…
Rondeau de la pluie enchantée
Qui tombe sur le bois d’amour.

                               ***

(1)  « une » amour (forme du XVIe siècle).

dimanche 28 août 2016

Vendredi d'Eté.






Vendredi de la nuit d’été
Où beaucoup fêtent leurs vacances,
Bouts de chants, éclats de gaieté,
Peut-être même que l’on danse,
Vendredi de la nuit d’été.

Au bord d’un balcon de pénombre
Il fume une tasse de thé,
D’ambre roux sur la pierre sombre,
J’ai posé ce songe à côté
Au bord d’un balcon de pénombre.

Juste avant que toute beauté
Quitte nos villes et nos vies
Tout ainsi que nous ont quitté
L’insouciance et la rêverie
Au tournant même de l’été.

                               ***                       

samedi 27 août 2016

Le Choix.




Il y a cinquante ans,  au même endroit,
Il faisait bon et j’étais déjà là ;
Parfum de rose et promesses de roi
Où êtes-vous ou qui donc vous vola ?

Ai-je gagné mon pain, honneur suprême,
Ou tout au moins assez pour ces délices,
Belles toujours pour demeurer les mêmes
En ces jours-ci tellement moins propices ?

Ai-je de peu fait mon contentement
Où tout, pourtant, était à conquérir
Perdant un temps qu’il faut perdre autrement
Sans le souci de ce qui va périr ?

Ce très peu me convient, je vous tiens quitte,
Espérances d’antan, belles aurores,
Vous et moi n’avions pas les mêmes rites ;
Je fis ce choix et je m’y tiens encore.

                               ***