Rondeau funambule.

 

 

 

Ce monde merveilleux est plein de libellules

Et puis de papillons. Bien sûr ces animaux

Élégants, purs et beaux, ne volent pas très haut :

On ne peut sur ce point se dorer la pilule.

 

On pardonnera donc à ces animalcules

Quand ils doivent parler de se montrer triviaux ;

Ce monde merveilleux est plein de libellules.

 

Si vous me demandez ce qui se dissimule

Dessous ces prête-noms, je ne suis pas idiot,

Je sourirai, je sifflerai comme un loriot

Ou je dirai, jouant un peu les funambules :

Ce monde merveilleux est plein de libellules.

 

                               ***

Passion.

 

 

 

On l’appelait Passion,

C’était une inconnue

Qu’un beau soir je vis nue ;

Mon Dieu, quelle émotion !

 

L’aube fut d’affliction,

Je ne l’ai pas revue,

On l’appelait Passion.

 

A l’éphémère union

Au hasard advenue,

Trois rimes ingénues

Doivent leur création ;

On l’appelait Passion.

 

                               ***

Dites...

 

 

 

Savez-vous des chansons d’hiver ?

Car moi je n’en connais aucune.

Il en existe pour la lune,

Pour le printemps et pour la mer,

 

Pour le froid des chemins déserts

On les dirait inopportunes ;

Savez-vous des chansons d’hiver ?

 

J’en cherche les mots, je les perds,

D’où me viennent donc ces lacunes ?

Si Janvier m’en garde rancune

Je ne sais à quoi cela sert !

Savez-vous des chansons d’hiver ?

 

                               ***       

Broderie.

 

 

 

Les jardins sont brodés de blanc,

La ville a dessus son armure

Passé l’éclat d’une fourrure,

Les jours sont courts, les jours sont lents

 

Et tranquilles et nonchalants

Où l’hiver devient sinécure :

Les jardins sont brodés de blanc.

 

Un désert ou l’équivalent

A banni rumeurs et murmures,

La vie est d’une autre nature,

Jusqu’à l‘horizon somnolent,

Les jardins sont brodés de blanc.

 

                               ***