jeudi 28 juillet 2016

Réponse aux Sonnets sur la Mort de Monsieur Jean de Sponde (1557-1595).






En ces très beaux sonnets qu’il a faits sur la mort,
Quoiqu’il pense servir la majesté divine
En rabaissant nos jours au peu qu’il nous dessine,
Je suis sûr de cela, Monsieur de Sponde a tort.

Lorsque nous prions Dieu, nous Le prions encor
En disant « Notre Père », au moins je l’imagine ;
Qui peut croire un instant que ce père destine
Aux siens dès qu’ils sont nés le plus triste des sorts ?

Et nous, fort maltraités, vivrions notre vie
Ayant pour but unique et pour unique envie,
Tant ce qu’elle offre est laid, de la perdre au plus tôt ?

Allons, Monsieur de Sponde, il faut vous y résoudre,
Ou le Seigneur est bon, nos jours sont un cadeau,
Ou bien votre credo n’est que vent et que poudre !

                               ***                                    
   

mercredi 27 juillet 2016

Fortune.





(Eglise des Jésuites - Molsheim - Alsace.)



Plus que jamais au gré de Fortune
Et, selon, du pinacle au tréfonds,
Sans Espérance, l’inopportune,
En qui trop de faux au vrai se fond.

Tous par monts et vaux et toutes plaines,
Nos pères avant, et nous, allons,
Par les mêmes routes incertaines,
Tous, autres, chaque jour et selon.

Mais en ce, vain sera qui proteste
Car aux dés, lequel prétend au choix ?
Que le Sort ait la main lourde ou leste,
A la coupe offerte chacun boit.

Quand cet aujourd’hui perd, demain donne,
Après-demain reprend ; c’est toujours
Cette unique chanson qui résonne
Sur le chemin qu'on suit... Long ou court.

                               ***                      

jeudi 21 juillet 2016

A M. M. de F. En Souvenir de Verlaine.







Vous aviez les désirs et les volontés
Qui viennent souvent d’une grande jeunesse
Ignorante encore des réalités ;
Regrettez-vous tant vos premières promesses ?

Je n’ai pas été, certes, toute bonté
Non plus que patience, ô rêveur funeste,
Mais le cœur pourtant plein de sincérité,
Loin d’un jugement à condamner trop preste.

Ne voulez-vous donc pas, pauvrette, ma sœur,
Faisant fi d’hier, en lisant cette lettre
Retrouver pour moi votre ancienne douceur
Et ce serait tout comme ou tout près de l’être ?

                               ***                                       

La Danse des Morts: I La Guerre.



(Frise de l'église d'Assier - Quercy.)



Dans un immense hurlement de rage
Qui monte et sans fin s’enfle en mille échos,
La Guerre détruit, massacre et ravage ;
Dans un immense hurlement de rage.

Elle a l’effroi et l’horreur en partage,
Le sang, la mort pour payer son écot ;
Faucheuse de ce champ que rien ne clôt,
Dans un immense hurlement de rage,
La Guerre détruit, massacre et ravage !

                               ***                       

mercredi 20 juillet 2016

Chimère Agreste.






Je profite autant que je puis,
Tant que c’est encore faisable,
De la campagne où me conduit
Mon goût des ombres agréables,
Des soirs et des matins sans nom,
Des vastes horizons paisibles
Où nul espoir ne dira non,
Où nulle heure n’est inflexible.
Je profite autant que je puis
Et tant qu’il en existe encore,
De telle ou telle chimère et je suis
Des sentiers que le monde ignore
Mais que le dieu aux pieds fourchus,
Sous un ciel bleu de porcelaine,
Aima dès qu’il les reconnut ;
Aphrodite, déesse  hellène,
Laisse le forgeron bossu
Forger à ce monde ses chaînes
Et ne me laisse pas déçu
De rêver où tu te promènes.

                               ***