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lundi 6 mai 2019

Chanson cavalière.



(Fortifications de l'ancien port de Brouage - Charentes Maritimes.)
   
Il pleut, il pleut sur la frontière,
Venez y chanter ma chanson,
Il en est peu, il n’en est guère
Qui fasse aussi peu de façons !

C’est un refrain de vivandière[1],
De lansquenets ou d’estradiots[2],
De soudards et de mercenaires
Et de tous les humeurs de piot[3].

Dans cette campagne étrangère,
Il pleut, il pleut sur nos gabions[4],
Il pleut sur la ville et la guerre,
Il pleut sur l’âme[5] des canons.

Il pleut aussi sur les cornettes[6]
Des braves cavaliers du roi,
Sur leurs officiers qui s’embêtent,
Sur les soldats tremblants de froid.

Venez, venez chanter la Belle,
Vous qui passez sur le chemin,
Venez chanter la ritournelle[7]
De ceux qui vont mourir demain.

C’est une chanson sans manières
Qu’on n’entend pas dans les palais,
Une chanson des fondrières[8]
Dont nos peines font les couplets.

Il pleut, il pleut sur la frontière
Où l’on s’adonne à la boisson,
Aux dés plus souvent qu’aux prières
Et moi j’y fis cette chanson.

                               ***       


[1] Vivandière : n.f., synonyme de « cantinière », femme accompagnant les troupes en campagne pour leur vendre notamment vivres et boissons
[2]Estradiot : n.m. Les estradiots sont des mercenaires albanais employés comme cavalerie légère par la république de Venise au XVIe siècle.
[3] Piot : n.m.,  synonyme :le vin, « humer le piot » c’est boire excessivement.
[4] Gabion : n.m., un gabion est une protection constituée d’un panier de grande taille rempli de sable ou de terre. On disposait plusieurs de ces dispositifs pour protéger, par exemple, des postes de guet ou des canons.
[5] L’âme d’un canon est la partie creuse de son tube, l’expression est employée ici pour désigner le canon lui-même.
[6] Cornette : ici, n.f. désignant un drapeau de forme carrée arboré par une compagnie de cavalerie dans les armées de l’Ancien Régime.
[7] Ritournelle : n.f., ce terme désigne en général une chanson répétitive et monotone.
[8] Fondrière : n.f. désigne les trous emplis de boue ou d’eau de pluie que l’on pouvait trouver sur les routes non pavées autrefois.
  

dimanche 11 novembre 2018

Le 11 Novembre 1918 - Souvenez-vous.




La guerre pue atrocement,
Une odeur fétide et douceâtre :
La charogne et les excréments ;
La guerre pue atrocement.

Et l’on y meurt indécemment
Déchiqueté dans l’eau saumâtre
D’un champ de bouleversements ;
La guerre pue atrocement,
Une odeur fétide et douceâtre 
De sang et de vomissements.

On y meurt dans un bruit immense
De tonnerre et de sifflements
Qui déchirent cet air en transe
Où les innombrables fragments
De métal au hasard s’élancent
Et vous tuent indifféremment.

Mais ce matin soudainement
Ce grand vacarme a fait silence
C’est que la guerre brusquement
Vient de se terminer en France.

Dans ce grand calme, souveraine,
Plane encor l’odeur de charnier
Que rien ne dissipe ou n’entraîne
Car il ne faut pas l’oublier :

La guerre pue atrocement.

                               ***        

jeudi 8 novembre 2018

La Guerre des Paysans (1524-1526).




La nuit finit, l’aube est prochaine,
Nous allons mettre sac au dos
Afin de partir aussitôt,
Chantant cette vieille rengaine :
Brisez les chaînes !

Le silence alourdit la peine,
Voyons ce que le geste vaut,
Dame, il y faut bien ce qu’il faut ;
Maintenant que la coupe est pleine
Brisez les chaînes !

Assez de crainte, assez de gêne,
Chacun sa part, chacun son lot,
Debout les gueux, debout rustauds,
La lame brille hors de sa gaine ;
Brisez les chaînes !

Les moutons garderont la laine
Qu’on veut leur tondre sur le dos ;
A grands coups de piques s’il faut
Et la bataille pour étrennes :
Brisez les chaînes !

Qu’ils regardent ce qui nous mène,
Nos droits et ce pays si beau
Qu’on emmène à nos godillots
Et qu’ils en prennent de la graine :
Brisez les chaînes !

                               ***

jeudi 21 juillet 2016

La Danse des Morts: I La Guerre.



(Frise de l'église d'Assier - Quercy.)



Dans un immense hurlement de rage
Qui monte et sans fin s’enfle en mille échos,
La Guerre détruit, massacre et ravage ;
Dans un immense hurlement de rage.

Elle a l’effroi et l’horreur en partage,
Le sang, la mort pour payer son écot ;
Faucheuse de ce champ que rien ne clôt,
Dans un immense hurlement de rage,
La Guerre détruit, massacre et ravage !

                               ***