vendredi 17 juillet 2015

La Chanson d'Ophélie.






Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

A travers la pénombre verte
Un souffle agite vos rameaux,
Le long de la rive déserte
N’ai-je pas entendu ces mot:

Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

Il court au sein de la rivière
Mille reflets étincelants,
Mille tourbillons de lumière
Qui vous disent en s’en allant :

Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

Ne dansez plus herbes d’antan
En caressant les berges folles
Où l’on vit naître en d’autres temps
Cette promesse qui s’envole
Et dites en le déplorant
Ce refrain au seul demeurant :

Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

               ***

Histoire de Bibliothèque.






L’été brûle l’après-midi
Et dans l’ombre qui m’en délivre
L’odeur de vieux papier des livres
Flotte paisible et m’engourdit.

Sur les rayons cent mille pages
De ce même papier jauni
Échangent des amours sans âge
Et des couronnes d’or terni.

Les haut-faits anciens se dessèchent,
Des vers viennent s’éparpiller
Au bord d’un signet oublié
Où quelque grande Dame pêche.

Les heures font, toute en longueur,
Une haie à ces vieux ouvrages
Où somnolent tant de langueurs,
Tant de plaisir et tant de rages.

                    ***

mardi 14 juillet 2015

Danger !






Le soir est peu, l’ombre n’est rien,
Prenez garde à la nuit obscure
Où ce qui n’était plus revient ;
Le soir est peu, l’ombre n’est rien.

Le remord, le vôtre ou le mien,
Les heures noires n’en ont cure ;
Le soir est peu, l’ombre n’est rien,
Prenez garde à la nuit obscure.

                   ***

Le Lampadaire.






Au fond de la nuit, solitaire,
J’écris dessous un lampadaire
Des vers au frais de la cité ;
Dans la tiédeur des nuits d’été,
Au fond de la nuit, solitaire.

Sans réfléchir et sans compter
Et sans toujours trop inventer,
J’écris dessous un lampadaire.

Des vers, mais pour quoi raconter ?
S’ils ne parviennent pas à plaire,
Si nul n’est là pour écouter ?
Ah,  j’aime écrire et tant qu’à faire,
Au fond de la nuit, solitaire,
J’écris dessous un lampadaire.

                     *** 

lundi 13 juillet 2015

Pluie d'Eté.





Un rêve d’été se termine
Au bruit tranquille de la pluie
Paisible en sa mélancolie
Où le soir déjà se devine.

Je ne m’en serais pas douté
Mais ce qui fut n’a pas été.

L’odeur de la terre mouillée
Monte doucement de la rue
Et la nuit lente s’insinue
Par la fenêtre entrebâillée.

En tout ce temps qu’aurais-je appris ?
Que l’ombre efface les écrits.

J’aime cette heure de grisaille
Où noircit là-bas le feuillage
D’immenses platanes sans âge
Obscurs et presque un peu « canailles ».

Voilà que hier me fait défaut ;
Je prends demain pour ce qu’il vaut.

Et maintenant qu’il fait nuit noire,
Le vent se promène en silence;
Minuit s’appelle : « indifférence »,
L’aube se lève sans mémoire.

                ***