mercredi 22 juin 2016

De Marbre et de Mots.






Clapotis, doux remous de la mer
Que souligne un quai de marbre usé
Où l’Histoire en titubant se perd,
Clapotis, doux remous de la mer,
Pourquoi donc, monotone et blasé,
Evoquer les brumes de l’Hiver ?

Et pourquoi, vide au nom sentencieux,
La nuit froide et ses murs silencieux,
Place morte autour d’un puits désert,
Qu’observent,  la mort au fond des yeux,
Ces fenêtres où la nuit se perd ?

                               ***        

dimanche 19 juin 2016

Rêveur.





Le rêve est fait pour s’envoler,
Illustration de l’éphémère,
Laissant une joie douce-amère
Qu’aucune aube ne sait combler.

De ces heures ce qui subsiste
Ce sont tout au plus quelques vers
Qui bornent à peine la piste
De nos souvenirs au travers
Des jours si banals et divers,
Ébauche bien loin d’une liste
De plaisirs trop vite en-allés :
Le rêve est fait pour s’envoler.

                 *** 

lundi 6 juin 2016

1788 (II).







Ici c’est encore le calme et le silence
Mais l’étude n’est plus, il s’en faut, sans soucis.
Dehors un vent mauvais tourbillonne et s’élance,
Une rumeur grandit, prémices de violences,                                   
Un destin fait d’excès, d’ombre, d’erreurs aussi ;
C’est encore la calme et le silence ici.

Des tomes oubliés ouvrent les vieilles pages
D’une ode désuète, d’un sonnet dépassé,
Murmures harmonieux des amours d’un autre âge,
Et pourtant – regardez ! -, ni plus fous, ni plus sages…
Un parfum de papier que le temps a chassé
Sur des rayons lointains de poussière embrassés.

Ici le temps n’est plus à de vains bavardages,
Ma plume, hâtons-nous, l’époque a rétréci,
Les jours nous sont comptés, voici venir l’orage
Où l’amoureux des vers est un vain personnage
Et le gardien des mots, un songe-creux ranci ;
Hâtons-nous donc, ma plume et poursuivons ainsi,
Achevons le travail comme ces vers ici.

                               ***                                                       

La Rose Sans-Pareille.





          
Cette rose était sans pareille,
Elle n’a fleuri qu’une fois ;
L’éclat de sa splendeur vermeille
Eût fait l’admiration d’un roi.

Qu’en reste-t-il sinon l’épine
Sur la tige où plus rien ne croît ?
Pour cette rose,  on le devine,
Mon cœur se meurt comme son bois.

Tous les autres rosiers fleurissent
En mai, chaque nouveau printemps,
Pourquoi fallait-il que périsse
Le seul qui pour moi comptait tant ?

Rose fragile aux cent pétales,
Rose de Provins, de Damas,
Aucune de vous ne l’égale
Ni ne l’égalera, hélas.

                               ***