jeudi 26 mai 2016

Les Illusions de Mai.





Au joli mois de Mai, les illusions fleurissent
Autant si ce n’est plus que ne font les amours,
Certaines durent peu mais d’autres ne périssent
Qu’au bout de plusieurs mois, après de longs détours.

La promesse des fleurs n’est pas souvent tenue,
Chacun de nous le sait s’il possède un miroir :
Il n’y a pas, hélas, que la vérité nue
De pesant à rêver et de pénible à voir…

                    ***

mercredi 25 mai 2016

Une Piécette.



(Cathédrale de Sienne-Italie.)

De petits vers, une piécette,
Monnaie au moins de bon aloi
Dans l’immense trésor des lettres
Pour un auteur de bonne foi,
Plus près, c’est vrai, de la brouette
Que du fier carrosse des rois.

Et puis après, que vous importe,
Vous qui n’écoutez que vous-même,
Si c’est dans une langue morte
Qu’il s’écrit encor des poèmes ?

Petites choses qui volettent
Aux oreilles des amateurs,
Trois petits tours, une courbette,
Bien loin des règles en vigueur,
Du pouvoir et de la conquête,
Du bon sens et de la grandeur,
Trois petits vers sans queue ni tête.

Trois petits vers qui batifolent
Bien loin de tout, est-ce assez bête ?
Mais toute poésie est folle
Comme sont ses amants...
Et son auteur.

                               ***

mardi 24 mai 2016

Amants.






Au dernier carrefour, revenons en arrière,
C’est le dernier moment et c’est la dernière chance ;
L’avenir est trompeur et toute règle ment,
Demain parle déjà de notre propre absence.

Écoute ma parole et soyons ces amants
Dont chaque siècle a su murmurer au poète
Dans le souffle du vent un écho de la fête
Où passe quelquefois comme un gémissement.

Soyons,  chacun pour l’autre, et la bûche et la flamme,
La falaise et la mer, la blessure et l’onguent,
Avec l’inassouvi plus que l’extravagant,
Le velours d’une couche et le fer d’une lame !

Laisse la certitude à la rigidité
De ceux dont chaque jour s’écrit dans un vieux livre
Et qui craignent bien moins de mourir que de vivre
Tant ils ont en horreur ce mot de liberté.

Mon destin c’est le tien, identique et contraire
Et le même désir que rien n’assouvira
Battra de son ressac la grève de nos draps
Où le monde renaît parfait et éphémère.

                               ***                                      

dimanche 22 mai 2016

La Lecture.





Je suis au soleil et je lis,
Tout le reste est sans importance :
Les amours tissées d’inconstance
Aux mille souvenirs pâlis,

Toutes les peines encourues,
Ô mon aveugle ange-gardien,
Au hasard des jeux quotidiens,
Et des fortunes de la rue.

Les mots me donnent en aubade
Une promesse d’infini
Où renaissent tous les bannis
De mes espérances maussades.

Le monde se plaît à changer
Qu’écrivent les mots d’une page,
Liqueur des plus nobles cépages
Pour le cœur le plus affligé;

Je lis et rien d’autre ne compte,
Douceur des printemps de mémoire,
Souple étoffe d’or et de moire,
Serais-je ce qu’on me raconte ?

                               ***                                       

jeudi 19 mai 2016

A Tire d'Ailes.






Un petit bonjour du Printemps
Qu’écrit le vol des hirondelles
A tire d’ailes, si gaiement,
Un petit bonjour du Printemps.

Comme autrefois joyeusement
Au nom des jours que je rappelle :
Un petit bonjour du Printemps
Qu’écrit le vol des hirondelles.

                    ***
 

mardi 17 mai 2016

Requiem.






Que vous chanterai-je aujourd’hui
Puisque je sais les chansons vaines
Et qu’il va bientôt faire nuit :
Que vous chanterai-je aujourd’hui ?

Une complainte ? Quel ennui !
Une ronde ? J’en sais à peine.
Un canon ? Seul je ne le puis.
Ou quelque comptine incertaine ?
Un chant d’amour ? L’amour me nuit.
Que vous chanterai-je aujourd’hui
Puisque je sais les chansons vaines ?

Ma foi, peut-être bien ceci.

La minute « d’après » me glace
Où je me vois, ne voyant plus
Puisque en moi je n’ai plus de place
Et qu’il fait froid où mon cœur fût.
Ce cœur qui ne sait plus que j’aime,
Ces mains que l’on dirait de bois
Et ces lèvres qui se sont tues…
Demain je serai à l’étroit
Sous un peu de terre battue,
Que dès lors je ne sois plus rien,
Que sur terre mon nom s’efface,
Puisqu’il le faut…
                               Mais, j’en conviens :
La minute « d’après » me glace.

                               ***