dimanche 19 juillet 2015

Le Cycle des Amours Déçues. I. L’intermittent du Spectacle.




On a replié le décor
Où je croyais vivre ma vie,
- Quelquefois je le crois encor-,
Sans doute on n’avait plus envie
De répéter, jour après jour,
La même histoire mensongère
Que je pensais être d’amour.
Si toute pièce est passagère
Il n’y a pas de raison pour
Faire durer ce dont se lasse
Une héroïne de tréteaux.
Il n’y avait donc plus de place
Pour un de ces « seconds couteaux »
Qui  viennent donner la réplique.
Je n’étais qu’un faire-valoir,
Sans talent ni mérite unique
Que l’on engage un certain soir,
Que le suivant on licencie,
S’il faut, en brûlant son contrat
Et demain, mais qui s’en soucie,
Un autre me remplacera.

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samedi 18 juillet 2015

L'Egaré.






Comme une feuille tremble au vent
Il est des aubes qui vacillent
Aux craintes du soleil levant
Où tant d’incertitudes brillent
Car hier a cessé de compter
Et de l’avenir rien n’existe ;
Saviez-vous que la Liberté
Commence comme un roman triste ?

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vendredi 17 juillet 2015

La Chanson d'Ophélie.






Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

A travers la pénombre verte
Un souffle agite vos rameaux,
Le long de la rive déserte
N’ai-je pas entendu ces mot:

Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

Il court au sein de la rivière
Mille reflets étincelants,
Mille tourbillons de lumière
Qui vous disent en s’en allant :

Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

Ne dansez plus herbes d’antan
En caressant les berges folles
Où l’on vit naître en d’autres temps
Cette promesse qui s’envole
Et dites en le déplorant
Ce refrain au seul demeurant :

Pleurez saules pleureurs,
Pleurez au bord de l’eau,
Vous pleurez ma douleur
Et ma douleur le vaut.

               ***

Histoire de Bibliothèque.






L’été brûle l’après-midi
Et dans l’ombre qui m’en délivre
L’odeur de vieux papier des livres
Flotte paisible et m’engourdit.

Sur les rayons cent mille pages
De ce même papier jauni
Échangent des amours sans âge
Et des couronnes d’or terni.

Les haut-faits anciens se dessèchent,
Des vers viennent s’éparpiller
Au bord d’un signet oublié
Où quelque grande Dame pêche.

Les heures font, toute en longueur,
Une haie à ces vieux ouvrages
Où somnolent tant de langueurs,
Tant de plaisir et tant de rages.

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mardi 14 juillet 2015

Danger !






Le soir est peu, l’ombre n’est rien,
Prenez garde à la nuit obscure
Où ce qui n’était plus revient ;
Le soir est peu, l’ombre n’est rien.

Le remord, le vôtre ou le mien,
Les heures noires n’en ont cure ;
Le soir est peu, l’ombre n’est rien,
Prenez garde à la nuit obscure.

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