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mercredi 1 avril 2020

Fable de régime.




Il était une fois
Un petit matin paresseux,
A peu près comme vous et moi,
Et qui se disait : « Je me lève quand je veux
Car c’est mon choix. »
Il dormait donc jusqu’à midi,
Baillait en s’étirant vers les quatre heures
Et s’ennuyait l’après-midi
Puis vers vingt heures
Il regagnait son lit.
Donc ce petit matin,
-Je ne vise personne,
Mais je connais quelqu’un-
Ne faisait rien.
De plus, de nature gloutonne
Il mangeait bien ;
Cela comble l’ennui,
Cela passe le temps
Et puis
Ne rien faire et manger c’est très tentant ;
Écoutez ce qui suit.
Au bout de quelque mois
Notre petit matin
Avait pris tant de poids,
Tant de graisse, tant d’embonpoint
Qu’il n’avait plus le choix :
Il ne se levait plus, il ne le pouvait point.
En peu de temps notre petit matin,
L’astre autrefois
Le plus brillant et le plus fin
De ceux qu’au ciel ordinairement on voit,
Enfla tant qu’il changea de teint,
Pâlit, perdit tout son éclat
Et puis enfla, enfla encore
Pour finir en supernova
Pour un soleil on dit aussi : la mort.

Moralité :
Que cette leçon vous profite :
Vous avez vu les suites
De ces si bien nommées
Trop grasses-matinées !

                               ***        

vendredi 17 janvier 2020

C'est une fable...




Je sais quelque chat angora
De charmante fourrure,
Preste, assuré, de grande allure
Qui se rêvait en lion et l’on verra,
Si l’on m’écoute,
Ce qu’il en arriva.
Le début de la route
Ne lui coûta
Guère : il était beau parleur.
Linottes et moineaux
Lui virent, j’en ai peur,
La crinière qu’il faut
Pour prétendre au courage,
A la force, au lignage.
Parmi la gent souris ou le peuple des rats,
Qui le voyait bien chat,
Il se dit qu’à tout prendre
Il valait mieux -quelle illusion !-
Mettre au pouvoir un chat qu’un lion.
Ce que dirent les bœufs,
Ce que firent les ânes
Vaut autant ou si peu ;
L’aveuglement des sots les juge et les condamne.
Du chat on fit un roi,
Linottes et moineaux, souris et rats,
Tous, il les dévora,
Il asservit les bœufs,
Il ennoblit les ânes
Et il régna si vieux
Que de nos jours encor je crois qu’il se pavane.

                               ***

lundi 28 octobre 2019

Le pêcheur et lephilosophe.




Un matin de bruine automnale
Je vis un pêcheur sur un quai,
Il faisait gris, il faisait frais
Et la rencontre était banale.

Je regardais du haut du pont
Couler la rivière boueuse
Avec l’attention sourcilleuse
D’un philosophe vagabond.

Le pêcheur surveillait sa ligne,
Le philosophe avec raison
Cherchait une comparaison
Qui d’un aphorisme soit digne.

Mais le pêcheur n’avait pas plus
De succès que le philosophe:
En fait de prise ou d’apostrophe
Ce qu’il cherchait, aucun ne l’eut.

Moralité :

L’eau qui coule dessous les ponts
N’est guère plus riche en poissons
Qu’en bons poèmes de saison.

                               ***