lundi 26 septembre 2016

Vendanges.







Cueillez la grappe et foulez le raisin,
Que les tonneaux s’enivrent de vendanges,
L’automne danse en l’éclat de mon vin ;
Cueillez la grappe et foulez le raisin.

Croyant du Pape, athée ou Sarrasin,
Lorsque je bois qu’aucun ne me dérange ;
Cueillez la grappe et foulez le raisin,
Que les tonneaux s’enivrent de vendanges.

                               ***        

samedi 24 septembre 2016

Les Regrets du Vieil Erudit.



(Château de Chantilly.)
 
 
Mes yeux, mes pauvres yeux qui rêviez tant de femmes,
Je vous ai bien usés – n’est-ce pas là mon drame ? –
Au vieux papier bruni de ces pages de vers
Sans cesse parcourues de l’avers au revers,
De vieux tome en vieux tome, et parfois, il en fut,
De poète anonyme en poète inconnu.
Vous rêviez de regards, de longues chevelures,
En somme,  de l’amour, dont moi je n’avais cure
Sinon dans quelque stance au milieu d’autres mots
Dont j’aimais la tournure ou jugeais le défaut.
Mes yeux, mes pauvres yeux, que les femmes sont belles !
Vous le saviez, hélas, je ne les voyais telles
Qu’au travers des rondeaux, qu’au travers des sonnets
Et des chants d’autrefois. Ce que j’en retenais
C’était une musique et parfois une image
Et plus souvent les noms des auteurs de ces pages,
Tout ce que j’y trouvais c’était,  à travers eux,
Une grâce fanée, un amour poussiéreux.
Maintenant que pour moi dans le cours de la vie
Toute espérance est vaine, toute ardeur refroidie,
Combien je suis chagrin, mes yeux, mes pauvres yeux,
De n’avoir jamais rien su vous offrir de mieux.

                               ***                       
 

Prince Ambitieux...






Un beau jour au soleil puis le suivant à l’ombre
Et la mine réjouie ou bien la mine sombre,
Les quatre saisons passent.
Du matin jusqu’au soir, de midis en minuits,
Le bonheur, le malheur, au gré du temps qui fuit,
L’un, l’autre se pourchassent.

Prince ambitieux qui sait que son heure viendra,
Quelque soit ton pouvoir, la suivante fera
De constance, inconstance ;
Elle t’amoindrira, rien ne dure ici bas :
La pierre des palais, la gloire des combats
Et pas même ces stances…

                               ***        

jeudi 22 septembre 2016

Aux Jardins...






Adieu l’ombre légère au sourire pervers
Et parfois religieux des marbres angéliques,
Qui veillaient aux bosquets de laurier toujours verts
Au fond de ces jardins dessinés à l’antique.

Le temps n’est plus où nous marchions
Dans l’ombre mauve des glycines
Ni des soirs tremblants de lampions
Et de l’écho des cavatines,

Aux jardins que les liserons
Envahissaient d’efflorescences,
Adieu grottes aux mascarons
D’une équivoque renaissance.

La ville, en noir et blanc sous un ciel gris d’hiver,
Fume à longueur de toit et son horizon perd
Aux confins indistincts d’une vague frontière
Le peu qui lui restait d’une pauvre lumière.

Sous les ponts enneigés la rivière est de plomb,
La glace au bord des quais luit pâle et sans façon,
Sur les jardins déserts où le matin se lève
Plane comme un brouillard de tristesse et de rêve.

                               ***        

mercredi 21 septembre 2016

A la Mi-Automne.






Certains jours de la mi-Automne
Où le soleil est caressant,
Une rime chante et résonne
De mon cœur aux bois jaunissants

Comme il convient un peu de brume,
Lorsque s’ébauche un souvenir;
Une vague douceur consume
Ce qu’on tentait de retenir.

Reconnais-tu l’air que fredonne
Le parc ou le bois jaunissant,
Nous le murmurions en passant,
Ma foi c’était, Dieu me pardonne,
Il y a maintenant longtemps,
Certain jour de la mi-Automne.

                               ***        

Un Nocturne en Novembre.






Nuits noires de novembre
Au froid des carrefours
Où les reflets démembrent
La lumière qui sourd
Des façades des rues
Où grince le destin ;
Autour des lampes crues,
Un halo de chagrin.

Le froid au fond de l’âme,
Cimetière du temps,
Et la nuit où se trame
D’autres enterrements.

Minuit des mots hostiles
Revenus au présent
Couronner une ville
Aux frontons méprisants.

Novembre de rancune
Et des passés obscurs,
Des fautes dont chacune
Est la pierre d’un mur.

Novembre des nuits noires
Et des seuils verrouillés,
Tu connais cette histoire ;
Je n’ai pas oublié.

Novembre solitude
A perte de trottoir,
Vide et désuétude
Où se laisse entrevoir
L’artifice du monde,
Désert indifférent ;
Ô brume vagabonde
Apprenne qui comprend.

***