vendredi 21 mars 2014

Exorcisme.



I.

Exorcisons le mauvais temps
Et chassons les heures pénibles,
Ce vieux "profitez de l'instant"
N'est-il pas toujours accessible ?
Voulez-vous cessez de courir
Les chimères ou les mirages ?
Voulez-vous cesser de chérir
La solennelle erreur des "sages" ?



II.

Cherchez un étang où prendre un bain de minuit,
Apprenez à tricoter mille pitreries,
Allez donc pêcher la lune au fin fond d'un grand puits
Et pour une fois mangez trop de sucreries.
Chantez à tue-tête et en grec ancien,
Cultivez les oignons cuits, faites des caricatures,
Désaccordez les violons, oubliez les mots anciens,
Déracinez votre chien, veillez sans mesure !

                             ***

mardi 18 mars 2014

Désastres du T emps.





Le temps s'allonge sans mesure
Dans nos pires difficultés;
Quand tout s'apaise et nous rassure
On le voit soudain se hâter.

On ne peut que le laisser faire,
Bien sûr il se moque de nous,
Il ne cherche qu'à nous déplaire,
A nous mettre enfin à genoux.

Il se plaît à ce qu'on l'implore
Mais sans vouloir nous écouter,
Par dessus tout ce qu'il adore
C'est d'insulter à la beauté,

C'est de ruiner nos espérances
C'est de nous priver de nos biens,
C'est de renier ses assurances
Et qu'il ne nous demeure rien.

                 ***




lundi 17 mars 2014

Un Poème d'Autrefois.




Amour, mon bel Amour, n'irons-nous pas ensemble
Retrouver le soleil et l'ombre de l'été
Et le bord des ruisseaux où le feuillage tremble
Dans la brise d'un jour mille fois raconté ?

Où marchions-nous tous deux quand la rose trémière
Comme les nymphéas, sentant le soir venir,
Semblaient sous nos regards s'ouvrir dans la lumière
Et dire notre émoi pour mieux le retenir ?

Amour, mon bel Amour, comme les beaux jours passent,
La neige est arrivée et le froid de l'hiver,
Nous sommes séparés, voici que l'an s'efface,
Nos ruisseaux ont gelé, nos chemins sont déserts.

                                ***


dimanche 16 mars 2014

Le Soir.





Le soir vient clore la journée,
Lentement, avec tant d'égards,
De politesse surannée,
Que l'ombre paraît en retard
Sur la réalité de l'heure,
Un "entre-deux", moment précieux,
Où, de tout, il ne nous demeure
Qu'un calme doux et silencieux.
On peut s'y parler à soi-même,
Tenant un discours résigné,
La vie en est l'unique thème,
Sur laquelle on a cru régner
Et qui, semblable à la lumière
De ce jour finissant, s'enfuit;
La jeunesse vivait si fière
Et voici que tombe la nuit.

               ***

vendredi 14 mars 2014

Occupations.





Je fais des triolets,
Certains font des brioches,
D'autres font des volets;
Je fais des triolets.

Certains font les follets,
Certaines font des mioches,
Certains font des brioches,
Je fais des triolets.

              ***

jeudi 13 mars 2014

Au Soleil.




Au soleil, comme un vieux lézard
Cherchant le midi de la pierre
Pour s'y chauffer jusqu'au plus tard
De ce ciel empli de lumière,

Au soleil et si paresseux
Que même penser m'importune,
Au soleil où quoique fort gueux
Je ne m'endors pas sans fortune,

Au soleil, comme un marronnier
Dont tous les bourgeons vont éclore,
Comme ces pignons habillés
D'azur que le printemps redore,

Au soleil mais plus prosaïque,
Dans mon fauteuil tout simplement,
Loin de l'or ou des mosaïques,
Je me prélasse longuement.

               ***

mercredi 12 mars 2014

Ruine.





Mon temps se ruine aux quatre coins du vôtre,
Je sais être cela qui tant se voulût autre
Qu'on la cru demeuré et de douce folie,
Mais tout est bien ainsi; que le monde m'oublie,
Que mon nom ne soit plus ou n'ait jamais été,
Je m'en porterais mieux et vous, que vous importe ?
Je suis ce rêve à mon coeur raconté
Et l'enfance qui rit et vous demeure morte...

                         ***

mardi 11 mars 2014

Les Nuages de Pluie.





C'est un jour gris d'un hiver renaissant,
Au charme lent des nuages de pluie,
Aux toits d'ardoise et aux trottoirs luisants,
C'est un jour gris d'un hiver renaissant.

Un vent d’ouest qui frissonne en passant,
Un jardin vide, un horizon de suie,
C'est un jour gris d'un hiver renaissant,
Au charme lent des nuages de pluie.

                   ***

lundi 10 mars 2014

L'Hiver du Poète.




L'avenir de mon œuvre est-il fait de revers ?
Si de ce que j'écris on ne fait pas de livres
Et des livres qu'on lit, afin de me survivre,
Il ne me sert à rien d'écrire tant de vers.

Me faudra-t-il penser qu'ils sont faits de travers ?
Que je les ai crus bons un soir que j'étais ivre
Alors qu'ils sont mauvais à m'en couper les vivres
Et à me proposer d'aller me mettre au vert ?

Si me croyant doué je me mens à bon compte,
Pour demander pardon, pour effacer ma honte,
Dois-je quitter le monde et me faire convers ?

Avouant mon erreur et mon peu de mérite,
Dois-je aller au désert jeûner comme un ermite
Et perdre pour des vers, le gîte et le couvert ?

                      ***

jeudi 6 mars 2014

Le Routier.




Un soir ici puis un soir là,
Mon épouse, la solitude,
Il m'arrive d'être bien las:
Un soir ici puis un soir là.

On me demande et me voilà,
Je me nourris de servitude;
Mon épouse, la solitude,
C'est une union quelquefois rude,
Il m'arrive d'être bien las.

mardi 4 mars 2014

Printemps du monde.






Ce sera le plus beau Printemps
De toutes les années d'un monde
Qui n'en espérait plus autant;
Ce sera le plus beau Printemps.

Et ce seront mille fragrances,
Mille couleurs,
Mille nuances,
Mille manières de bonheur,

Et ce seront mille espérances
Et mille aveux,
Mille expériences
Et mille aubes de feu,

Mille versets d'un autre temps
Riant de leur propre faconde, 
Ce sera le plus beau Printemps
De toutes les années du monde.

                 ***
 

mercredi 26 février 2014

Prison.



Le ciel est rempli de nuages
Qui naviguent vers l'horizon,
Je reste immobile et j'enrage.
Le ciel est rempli de nuages.

Le plus petit d'entre eux voyage
Alors que je reste en prison;
Le ciel est rempli de nuages
Qui naviguent vers l'horizon.

mardi 25 février 2014

Ceci, cela.



Ceci date d'un an déjà,
À peine si je m'en rappelle
Et qu'en sera-t-il de cela ?
Ceci date d'un an déjà.

À bien y réfléchir, voilà,
La mémoire est une poubelle;
Ceci date d'un an déjà,
À peine si je m'en rappelle.

samedi 22 février 2014

Iris et Roses.




J'ai fait cette chanson en souvenir de toi,
Le jardin des iris et le jardin des roses
Aux étés de bonheur qui n'ont pas d'autres lois
Que d'être ce qu'on est, que d'être ce qu'on ose.

J'ai fait cette chanson pour l'amour de ce temps
Et son reflet joyeux afin qu'on la murmure
Quand de tout ce qu'on fut plus rien n'est comme avant,
Quand le jour s'assombrit, quand rien ne vous rassure.

J'ai fait cette chanson, moi qui suis peu chanteur,
Hors de toute saison, aux sillons de la terre,
Songeant à ce jardin, un grand sourire au coeur
Pour la rose et l'iris qui m'ont aimé naguère.

                         ***



vendredi 21 février 2014

La Corneille.





La corneille dit la légende
Que lui enseignent les vents froids
Qui de la montagne descendent;
C'est une très vieille légende...

Ce sont les aubes qui l'entendent,
Plus personne aujourd'hui n'y croit,
La corneille dit la légende
Que lui enseignent les vents froids.

                   ***

jeudi 20 février 2014

Prudence.





Un pas devant l'autre au bord de l'eau,
Un printemps de reflets étincelle
Dans une après-midi sans défaut
Mais un je ne sais quoi me rappelle
Que nous sommes encore en hiver.
Et d'ailleurs, pas une primevère,
Aussi loin que mon regard se perd
Les sous-bois dorment dans la lumière
Mais toujours teints d'ocres et de bruns,
De gris-cendre et de terre de Sienne,
Dans ce camaïeu de tons défunts
Où les fleurs très prudentes s'abstiennent.

                       ***

mercredi 19 février 2014

La Dernière Feuille Morte.





Hier soir, l'Automne s'en alla,
La neige derrière la porte
Dansait, n'attendant que cela.
Hier soir, l'Automne s'en alla.

Toute la nuit, le vent souffla
Sur les ultimes feuilles mortes,
La dernière qui s'envola
A l'aube passa sous ma porte
Pour me redire en quelque sorte:
Hier soir, l'Automne s'en alla.

                   ***

mardi 18 février 2014

Champs de Bataille.




Est-il un seul arpent de terre
Qui n'ait un jour rougit du sang
Qui coule aux ruisseaux de la guerre
Et bu une vie de vingt ans ?

Les forêts manqueraient de bois
Si sur chacune de leur tombe
Il fallait planter une croix
Quoiqu'aucun nom ne la surplombe.

Je n'ai pas assez de douleur
Et je n'ai pas assez de larmes
Pour redonner vie aux malheurs
Qu'ont fait tant de siècles en armes.

Mais j'en ai cependant assez
Pour que dans l'ombre que j'évoque
Murmure un peu de ce passé
Nimbé d'une gloire équivoque.

Une rumeur dans le vent froid,
Un chuchotement de racines
Comme si la mort à l'étroit
Tentait d'être moins clandestine...

               ***



lundi 17 février 2014

Répétitions.



J'ai plus écrit de vers pour vous
Qu'aucun autre poète en France,
Il en fut d'amers et de doux,
De peine autant que d'espérance,
De lumière et d'obscurité
Et de certitude et de doute.
Il en fut sans jamais compter
Et sans que jamais je redoute
D'en voir le sujet s'épuiser.
Ceux de ce soir que j'y ajoute
A l'heure où vous vous reposez
Et qu'aucune oreille n'écoute
Ne disent rien que les premiers
N'aient déjà dit de mon amour
Qui les a cependant priés
De le répéter chaque jour.

             ***


dimanche 16 février 2014

Le Voyageur Mécontent.





Voici qu'à force de changer,
A force de changer sans cesse,
Il me faut vivre en étranger,
Fût-ce même à ma propre adresse.
Je ne pars pas le cœur léger,
Mon bagage est fait de tristesse
Mais c'est à force de changer.

Serait-ce vraiment déroger
Ou faire preuve de paresse
Que de ne plus partir sans cesse,
De ne plus sans fin déloger,
De ne plus courir les hôtesses
Et de ne plus jamais changer ?

Serait-ce bien de la faiblesse
Que de vivre sans voyager,
D'attendre qu'enfin la vieillesse
Vous interdise de changer
Et que la mort avec tendresse
Vous dise de ne plus bouger ?

                   ***

samedi 15 février 2014

Le Retour.




Quand je suis revenu chez moi,
Tout ressemblait à autrefois
Mais il n'y avait plus personne,
C'était trop tard, Dieu me pardonne!

On ne m'avait pas attendu,
Sur les murs le tissus tendu
Montrait un peu plus de poussière,
La bibliothèque était entière,
Le silence y pesait son poids
Quand je suis revenu chez moi.

Il n'y avait pour m'accueillir
Que le souvenir et l'absence,
L'horloge arrêtée, le silence,
Un nom achevant de vieillir,
Un passé de meubles de bois,
Quand je suis revenu chez moi.

Mais il n'y avait plus de rires,
Aux portes plus de grincements
Ni de courants d'air qui soupirent,
De reflets aux tableaux d'antan
Accrochés un peu de guingois
Quand je suis revenu chez moi.

Et l'argenture des miroirs,
Les cuivres toujours rebondis
Achevaient de ternir sans gloire
Au fil des heures de l'oubli
Car survivre était un exploit
Quand je suis revenu chez moi.

Il n'y avait plus un parent,
Plus un ami, plus une amie
Dont la voix pût redonner vie
A tout ce qui vivait avant
Et qu'on pouvait toucher du doigt,
Quand je suis revenu chez moi.

J'ai dit ceci pour que ma voix
D'une pièce à l'autre résonne,
Disant à ceux qui s'en étonnent
Que je suis revenu chez moi.

              ***

La Rose.




La rose dit ce qu'il en est
Sans trop savoir ce qu'il en naît,
En compagne heureuse des fêtes,
Si belle et si vite défaite,
Emblème des commencements
Qui ne sait pas comme on se ment,
Comme on attend, comme on espère,
Ni comme un miracle s'opère.

               ***

jeudi 13 février 2014

Mon Chien.





Mon chien, quittez mon fauteuil
Afin que je m'y assoie
Et faites-en votre deuil;
Mon chien, quittez mon fauteuil.

C'est mon désir ou mon veuil,
Faudrait-il que j'y sursoie ?
Mon chien, quittez mon fauteuil
Afin que je m'y assoie.

             ***

mercredi 12 février 2014

Les Corbeaux.





Les corbeaux chantent le matin
A l'heure où le soleil se lève,
Ils font de même - A quelle fin ? -
Au crépuscule qui s'achève.

Que disent-ils donc ces corbeaux ?
Qu'annoncent-elles ces corneilles ?
Ma foi, quand le chant n'est pas beau
Il rapporte peu de merveilles.

Sur fond de ciel clair, un vol noir,
N'évoque pas, n'évoque guère,
Pas plus le matin que le soir,
Mieux que la crainte ou la misère.

               ***

mardi 11 février 2014

Livres.



Nous ne sommes rien d'autre
Que des livres qu'aucun autre ne lira
Que nous
Et que nul autre n'écrira:
Une reliure et quelques pages,
Des mots et des images,
C'est tout.

Des êtres de papier,
Écornés, déchirés par l'usage,
Tachés et dont nous allons oublier,
Avec le temps et avec l'âge,
Plus d'un passage.

Nous sommes ces labours trop blancs
Aux sillons d'encre noire,
Où s'écrivent les soirs,
Où s'écrivent les ans,
Le chant d'une bouilloire,
Le soupir des amants...

Le temps vient de l'absence
Où le premier chapitre
Se relit en silence,
Mais le dernier instant
Donnera seul le titre.

        ***


lundi 10 février 2014

Ménage de Printemps.




Ferons-nous enfin le ménage,
Le grand ménage de printemps ?
Coup de balai et coup de vent,
Chasserons-nous ces gris nuages ?
 Ferons-nous enfin le ménage ?

J'attrape un plumeau de passage
Et mon vieux tablier qui pend,
Des chiffons taillés hardiment
Dans un vêtement d'un autre âge;
Ferons-nous enfin le ménage ?

Ni couture, ni ravaudage,
C'est la saison du changement,
On n'échange, ni ne reprend,
Ni resquille, ni gaspillage!
Ferons-nous enfin le ménage ?

A grande eau, avant l'essorage,
La rime aux lèvres, vivement,
Battons les tapis maintenant,
C'est l'heure du grand nettoyage,
Du nettoyage de printemps.
Ferons-nous enfin le ménage ?


                 ***




dimanche 9 février 2014

À Jeûn.




Le soir s'en vient, le soleil s'effiloche,
Le ciel pâlit, les nuages au vent
Passent du rose au vieux gris "fond de poche";
Le soir s'en vient, le soleil s'effiloche.

Les bois sont noirs et la nuit se fait proche,
La nuit ? Qu'importe! Il faut dîner avant,
Qui compte plus que d'écrire en rêvant
Du soir ou du soleil qui s'effilochent,
Des nuages, du ciel ou bien du vent.

                           ***
 

samedi 8 février 2014

D'Aube.




D'aube au-dessus des bois
Comme une splendide promesse
Au petit matin froid,
La flamme ancienne de l'ivresse
Qui précède le choix.

Il faut sourire à la tempête
Qui brûle au ciel lointain
Des amours comme des conquêtes,
Des rêves incertains
Et de nos impossibles fêtes.

L'ombre à jamais n'est rien
Que pareille aurore domine
Et la nuit le sait bien
Quand l'obscur des forêts dessinne
Ce que le jour contient
Et que la lumière s'accroit
D'aube au-dessus des toits.

vendredi 7 février 2014

Dis-moi.




Dis-moi, tout petit bout de femme
Qui dort au loin, je ne sais où,
Si le même amour te réclame
D'aimer envers et contre tout;
Dis-moi, tout petit bout de femme ?

Dis-moi ce que cette année trame,
Dis-moi qu'en espérant beaucoup
Aucun amour ne se condamne
Ni ne se perd du tout au tout
Et que nous avons rendez-vous
Au détour des chemins de l'âme,
Dis-moi tout peti bout de femme
Qui dort au loin, je ne sais où

jeudi 6 février 2014

Inquiétude de Saison.



Un tel soleil en févriet ?
Voilà que les arbres s'étonnent; 
Qu'ils soient chênes ou pleupliers,
Cela frémit, cela bougonne:
Un tel soleil en février ?

Dans l'hiver du calendrier,
La douceur du ciel bleu détonne,
Entre charmes et coudriers
On se récrie et l'on raisonne:
Mars pourrait être meurtrier
Juste quand les  bourgeons fleuronnent,
Un hiver qui s'est fait prier
À mai, quequefois se cramponne;
Un tel soleil en février ?
On s'interroge et l'on marmonne, 
Dans les bois, au bord des sentiers,
Voilà que les arbres s'étonnent.

                         ***

mardi 4 février 2014

Le Chèvre-feuille. Moralité.





En croisant hier un chèvre-feuille
Qu'on voyait pousser hardiment,
Je me disais:"Quoique l'on veuille,
C'est vivre dangereusement,
Nous ne sommes qu'en février.
Que s'imagine cette plante ?
Le gel, sans se faire prier,
Peut encor brûler l'insolente
Qui vient annoncer un printemps
Dont nul n'entrevoit l'existence."
Certains hommes en font autant: 
Ils manquent beaucoup de prudence.

                    



lundi 3 février 2014

Flamme et Charbon.

Cela ne dure pas une heure
Où tout n'est que flamme et charbon,
Voilà que plus rien n'en demeure
Que la nuit en toile de fond:
Cela ne dure pas une heure.

Si la majesté n'est qu'un leurre,
Peut-être bien que la raison...
Cela ne dure pas une heure. 
Où tout n'est que flamme et chardons.



dimanche 2 février 2014

La Retraite.





Comme autrefois, dans mon enfance,
J'attends le bout du mois de juin
Où l'école touche à sa fin,
Je rêve de grandes vacances.

De longs et beaux jours de loisir,
Dans la plus joyeuse insouciance,
Où les matins et les soirs dansent
Au grand jardin de mes désirs.

Combien de fois déjà, déçu,
J'ai tourné le dos à mon rêve
Pour retourner peiner sans trêve
Dans ce monde si décousu !

Voici le temps qui m'en libère,
J'ai bu la coupe à satiété,
Voici que la sérénité
Chassera les heures amères.

Le temps de l'école est fini,
Adieu mes pauvres jours ternis,
Voici que débute en avance
Le temps de mes grandes vacances !

                    ***


Sillons de Pluie.





Sillons de pluie, sillons de terre
Et flaques d'eau sur les chemins
Sous le ciel que le vent lacère,
Sillons de pluie, sillons de terre.

Le temps compose à sa manière
Et je le transcris de ma main:
Sillons de pluie, sillons de terre
Et flaques d'eau sur les chemins.

                 ***

vendredi 31 janvier 2014

Les Nuages Bleus.





Le soleil déclinant sous des nuages bleus
Illumine ceux-ci de vieil or et de rose,
Accueillant l'heure où s'allument les feux,
Il sonne à l'horizon de noirs clochers moroses.

Il danse une ombre douce aux gouttières des toits
Et un rire léger court au fond des feuillages,
Du carrefour désert aux quatre chemins cois
Le calme de la nuit est le seul paysage.

Que la paix soit sur vous et accueillez joyeux
Le soleil déclinant sous des nuages bleus.

                       ***

jeudi 30 janvier 2014

Le Conteur.





Mettez un sou dans la corbeille
Et je vous dirai les merveilles
Du pays où les pierrres poussent
Dans la nuit bleue des lunes rousses,
Je vous conterai sans mentir
Les fautes et les repentir
Duprince-héritier des groseilles,
Des scarabés, des perce-oreilles;

Mettez un sou dans la corbeille !

Je vous dirai le chardon-fleur
Qui ne veut pas pousser ailleurs
Et la douceur où l'ombre veille
Et ce que l'oubli nous conseille,
Je vous dirai la voile au vent
Et je vous dirai le torrent
Que les étoiles ensoleillent
A l'heure où les échos s'éveillent;

Mettez un sou dans la corbeille !

                   ***

mercredi 29 janvier 2014

Le Mot Chemin.





Apportez-moi le mot: chemin,
Je vous rimerai l'aventure
Mais si vous me dites: demain
Je vous rimerai l'imposture,
L'imposture et le faux semblant,
Ce qui n'est que littérature,
Ce qui commence sans talent
Et finit par une rature.
Apportez-loi le mot: destin,
Je vous jetterai en pâture
Le simple mot de "plaisantin",
Celui d'esquisse ou bien d'épure.

                  ***

La Ville.





Les quais s'en vont au grand soleil
A quelques pas de la rivière
Où la mouette tient conseil
Sur le rebord d'un pont de pierre,
D'un pont de pierre au grand soleil.

On dit que la tour était haute
Au débouché des vieux canaux,
Du temps du commerce des nautes
Qui manœuvraient de grands bateaux
Dans le dédale des canaux.

On dit que la ville était riche,
Que ses bourgeois, que ses marchands,
Pour le boire n'étaient pas chiches,
Ni pour le manger mécréants,
Comme tout bourgeois ou marchand.

Il y avait des couleuvrines,
Il y avait des fauconneaux
Sur les murailles citadines,
Des herses barraient les chenaux
Au bas des portes citadines.

Entre pavés de vieille souche
On connait ce passé par coeur
Mais vous, je ne sais s'il vous touche,
Vous l'avez peut-être en horreur
Si vous venez d'une autre souche.

                   ***


lundi 27 janvier 2014

L'Amour heureux ou....





L'amour, heureux ou malheureux,
Ne fait jamais que ce qu'il veut;
Vous le savez mieux que personne,
Il se reprend, il se redonne...

Quoique l'on veuille, on y fait peu,
Il se rebiffe ou s'abandonne;
L'amour, heureux ou malheureux,
Ne fait jamais que ce qu'il veut.

Mais qu'il murmure ou qu'il claironne,
Qu'il s'attendrisse ou qu'il raisonne,
L'amour, heureux ou malheureux,
Ne fait jamais que ce qu'il veut
Sans faire acception de personne.

                       ***

dimanche 26 janvier 2014

Aube-crépuscule.





L'aube, parfois, ressemble au crépuscule,
Ombre semblable au fil du temps enfui,
De vains regrets en peines majuscules
L'aube, parfois, ressemble au crépuscule.

L'écho se meurt, est-ce moi qui recule
Ou bien le jour qui recherche la nuit ?
L'aube, parfois, ressemble au crépuscule,
Ombre semblable au fil du temps enfui.

                        ***

samedi 25 janvier 2014

Après-midi d'hiver dans les Vosges.






Une tour de gré rose
Qui regarde l'hiver
Sur des sapins moroses
Où le jour froid se perd,
La brume sur la plaine
Où le jour va finir,
La lueur incertaine
Que le soir va ternir
Au bord du cerne mauve
Des flaques du chemin
Et dans les sous-bois fauves,
Le fût si clair des pins
Et nos pas qui cheminent
Jusqu'au terme du jour
Que déjà l'on devine
Dans chaque ombre alentour.

             ***

vendredi 24 janvier 2014

Les "Grands".





Les "Grands" sont-ils si grands
Que je me trouve infime
De n'être pas au même rang;
Les "Grands" sont-ils si grands ?

Si mon compte courant
Est plus plat que mes rimes,
Les "Grands" sont-ils si grands
Que je me trouve infime ?

               ***

mercredi 22 janvier 2014

Platanes.




L'ombre légère des platanes,
Sur les trottoirs redit l'été
Lorsque les filles s'y pavanent,
A l'ombre douce des platanes.

Sur la place qui s'enrubanne
Aux bals des dimanches fêtés,
L'ombre légère des platanes
Sur les trottoirs redit l'été,

Et les longues heures en panne
Qu'on se plaît à ne pas compter
Et ces amours en filigrane
Que l'on vit sans les raconter
Quand l'ombre douce des platanes
Sur les trottoirs redit l'été.

             *** 

Extrait du Tiers Livre des Triolets.

Banlieue d'Hiver.





Il fait un temps de vieux gilet,
Un temps de bure monacale,
De gouttières inamicales
Où le silence gris se plaît
Aux vitres sales des fenêtres
Et au demi-jour des paliers
Où montent de vieux escaliers,
Tout pareils aux vôtres peut-être.
Il fait un matin de janvier
Sur un autre siècle d'histoire
Où la brique a plus de mémoire
Que des coffres de vieux papiers,
Un matin d'un hiver humide,
Sinistre de ses arbres nus,
Du blême des mes murs malvenus
Et de rares sapins rigides.

             ***



jeudi 26 décembre 2013

Écrits.



Faute de mieux la nuit,
Une phrase après l'autre,
Je trace ce qui suit,
Faute de mieux la nuit.

Poème d'un ennui,
Ni le mien, ni le vôtre,
Faute de mieux la nuit,
Une phrase après l'autre.
        
                ***

mardi 10 décembre 2013

Les Heures de la Nuit.



 
 
 
Elles vont, lentes et profondes,
Ce sont les heures de la nuit
Et c'est le silence du monde,
L'âge que l'angoisse conduit
Quand la mémoire vagabonde
Entre d'abord et aujourd'hui.
Ce sont les heures infécondes
Et l'amertume qui les suit
Ne pouvant avoir de faconde
Prend le visage de l'ennui.
La première avec la seconde
Et la troisième qui les suit
A toutes celles qu'elles fondent
Redisent en chœur: "Je ne puis."
Ecoutez; leurs voix se répondent,
Sans fin, hier enchaîne aujourd'hui:
 
Ce sont les heures de la nuit.
 
              ***